Depuis une semaine, les fidèles musulmans observent le jeûne de Ramadan qui intervient cette année dans notre pays dans un contexte climatique caractérisé par une canicule, fort heureusement moins prononcée. Les exigences du jeûne -particulièrement le fait de ne pas boire et de ne pas manger de l’aurore au crépuscule- engendre sur l’organisme humain la fatigue, le manque d’énergie et l’insuffisance de sommeil.
Cette situation n’est pas sans conséquence sur le rendement au travail qui baisse drastiquement durant ce mois. Dans l’administration publique surtout et ses démembrements, le fait que la machine tourne au ralenti est toléré. Parce que les responsables censés veiller sur son fonctionnement régulier jeûnent aussi. Les seuls secteurs où le rythme de travail ne change pas fondamentalement durant cette période, c’est l’enseignement et la santé où c’est des cours à dispenser à des élèves et des soins de santé à administrer à des patients. Sinon, au niveau des portions centrales des ministères et leurs démembrements, la ponctualité au service et l’accomplissement effectif des tâches sont respectés durant cette période de jeûne par quelques rares agents seulement, qui abhorrent l’oisiveté. La grande majorité des agents font le déplacement de leurs lieux de travail pour juste meubler le temps mais surtout profiter de certaines commodités comme le brasseur d’air et la climatisation des bureaux qu’il n’y a pas souvent à la maison. Ou qu’on ne veut pas faire fonctionner en permanence à domicile même lorsqu’il y en, de crainte de faire flamber le montant de la facture d’électricité. Faire un tour en ce moment dans certains ministères permettra de se faire une idée sur l’ampleur de l’oisiveté qui gagne les agents de l’administration publique. Le semblant de travail s’observe jusqu’aux environs de 13 heures. Juste après la prière de la mi-journée, les agents qui en ont accès se retranchent dans les bureaux pour s’offrir une somme sous les ronronnements des climatiseurs et des brasseurs d’air. Et c’est parti jusqu’à 16 heures pour le réveil en vue de l’accomplissement de la prière d’Asr. Les manœuvres et ouvriers, eux, se contentent des salles de réunion ou des halls, des endroits où il leur est possible de roupiller un peu. Et à défaut, ils se rabattent sous les arbres ombrageux du lieu de travail. C’est la période où de nombreux agents restent d’ailleurs au bureau jusqu’au-delà de l’heure légale de descente et vont même au bureau les week-ends s’ils n’ont pas d’obligations sociales. C’est aussi hélas le mois de l’année où la consommation d’énergie et même d’eau des ministères et autres institutions de l’Etat connait une hausse débridée. C’est l’Etat qui règle les factures, on peut se permettre de consommer l’électricité et l’eau sans modération pour atténuer les effets de la chaleur et la fatigue sur l’organisme au cours de la journée. Tel est l’état d’esprit ambiant au sein de l’administration pendant ce mois béni de Ramadan. Les agents de l’Etat consomment beaucoup d’électricité et d’eau pour un rendement quasi-nul. Il serait fort intéressant pour l’Etat de réaliser une étude sur cette baisse de rendement des agents qui s’accompagne paradoxalement d’une surconsommation d’électricité et d’eau dans les services durant le mois de Ramadan. La réalisation d’une telle étude permettra d’éclairer l’opinion sur l’ampleur du gaspillage dans les ministères durant ce mois béni.