Nous sommes en fin août. L’hivernage a atteint son pic en termes de précipitations. Depuis la deuxième décade du mois d’août, il pleut régulièrement averse dans pratiquement toutes les régions de notre pays. Une pluviométrie exceptionnelle cette année renforcée notamment par des opérations d’ensemencement des nuages avec des produits chimiques pour les transformer rapidement en gouttelettes d’eau. Pour le grand bonheur des paysans qui peuvent espérer de bonnes récoltes si la tendance, telle qu’elle s’observe actuellement, perdure jusqu’en fin septembre. Qui dit pluies abondantes dit aussi graves inondations. Au compteur des pertes, l’on dénombre déjà près d’une cinquantaine de morts à la date du 21 août 2022, 81.944 personnes, soit 9.602 ménages sinistrés dans les 8 régions du pays. Les régions les plus touchées sont Zinder (37.748 sinistrés), Diffa (12.917 sinistrés), Tillabéri (10.646 sinistrés) et Maradi (9.063 sinistrés) selon le décompte officiel. Lequel bilan fait également état de 8.591 maisons effondrées, 6.20 têtes de bétail décimées et 330,8 hectares de cultures ensevelis. Selon les projections, ‘’plus de 350.000 personnes pourraient être touchées par les inondations cette année (période allant de juin à septembre). Afin d’assurer une bonne gestion de la saison pluvieuse, le ministère de l’Action Humanitaire et de la Gestion des catastrophes (MAH/GC) a mis en place une cellule inclusive de crise pour le suivi et la gestion des inondations’’.
Nous ne sommes qu’au début de cette catastrophe naturelle. Bientôt, les affluents vont déverser leur trop plein dans le fleuve, en septembre-octobre, et provoquer un débordement susceptible d’engendrer des dégâts supplémentaires dans tous les villages, hameaux et quartiers riverains du cours d’eau. Concernant Niamey et ses villages environnants, les zones d’habitations traditionnellement exposées à la catastrophe sont : Goudel, Yantala Bas, Kombo, Haro-Banda, Gamkalley, Saga, Liboré, N’Dounga, etc. Cette situation est due chaque fois à la rupture des digues de protection en amont et en aval du fleuve. En 2020, les habitants de ces zones riveraines du fleuve ont connu le pire cauchemar de leur vie. De nombreux ménages sont encore sur les sites précaires où ils ont été installés depuis ces inondations. C’est le cas de ces dizaines de familles qui vivent à l’intérieur de la haie de l’hippodrome sans aucune assistance dans des abris de fortune. ‘’Plus aucune autorité ne s’est préoccupée de notre sort depuis la fin de l’hivernage 2020. Certaines familles ont quitté depuis longtemps grâce à l’assistance souvent de leurs proches’’, raconte H. Adamou, un locataire du site. ‘’Tous ceux qui sont encore là, c’est parce qu’ils n’ont pas les moyens pour quitter’’, justifie Adamou, manœuvre dans une usine de production de la zone industrielle. Allons-nous assister cette année encore à de nouvelles vagues de sinistrés liées à la crue du fleuve ? C’est une interrogation mais pas notre souhait ! Mais lorsqu’on apprend que des travaux de renforcement d’une des deux digues de protection en amont et en aval du cours d’eau sont mal conduits, il y a lieu de s’en inquiéter. Il ne s’agit pas d’une allégation sans fondement, le constat est fait par des riverains de Haro-Banda et confirmé par l’autorité communale. Les travaux de renforcement des deux digues, confiés à deux sociétés distinctes dont une étatique. Selon nos sources, c’est la digue dont les travaux de renforcement sont assurés par la société d’Etat, en l’occurrence l’ONAHA (Office national des aménagements hydroagricoles) qui présentent de sérieux problèmes. Les travaux ne seraient pas exécutés selon les normes requises. Mais l’on laisserait faire alors qu’en pareille circonstance, le bon sens commande une interpellation de l’entreprise par rapport au respect des clauses du contrat. Ne pas le faire, c’est tout simplement exposer encore les habitants riverains du fleuve à de nouvelles inondations liées à la crue du cours d’eau prévue dans les mois à venir.