Une poignée de semaines sépare le chef de l’État de ses deux (2) ans au pouvoir. C’est à peine s’il a entamé ses « douze travaux d’Hercule ». Revue des chantiers compliqués qui se dressent devant Bazoum Mohamed en 2023.
Pari lancé, pari risqué
Pour son tout premier quinquennat, le vœu de Bazoum Mohamed est aussi simple que difficilement réalisable dans un pays où tout va à vau-l’eau. « Je serais moi-même si au bout des 5 prochaines années j’aurais agi de façon à sensiblement améliorer, entre autres, la sécurité, la qualité de l’éducation, l’accès aux soins, à une meilleure alimentation, à l’eau potable, à un meilleur habitat, au courant électrique et à de meilleures routes au profit de tous les Nigériens », a dit le chef de l’État dans son discours d’investiture ce 02 avril 2021. Le chantier sur lequel Bazoum Mohamed est le plus attendu par les Nigériens est (de loin) la lutte contre la corruption, cette « grave source de discrédit pour un régime », comme il l’a lui-même dit. On a vu les premiers pas du président de la République dans le sens d’extraire les métastases de la corruption du corps de l’administration publique de notre pays. De l’affaire dite ‘’Ibou Karadjé’’ à celle impliquant des cadres des Douanes, Bazoum Mohamed ne compte pas faire de quartier dans la traque des bandits en col blanc. Du moins, c’est l’impression qu’il s’évertue à donner à l’opinion publique si avide de justice. Seulement, c’est à ses risques et périls politiques que le chef de l’État mène cette lutte contre la corruption. En effet, sur ces dix (10) dernières années, la camarilla impliquée dans le pillage des deniers publics est, d’une manière ou d’une autre, constituée de membres influents du parti au pouvoir. Bazoum Mohamed a-t-il le courage politique de s’en prendre à ses camarades Tarrayistes coupables d’indélicatesses financières ? La question reste posée.
Beaucoup reste à faire
Parler de « paix retrouvée », notamment dans la région de Tillabéri, revient à tuer une seconde fois les centaines de Nigériens (civils et militaires) sauvagement abattus par les terroristes. Parler d’un « retour de la quiétude » dans ces contrées désertées, c’est remuer le couteau dans la plaie de ces milliers de déplacés internes. En clair, la lutte contre le terrorisme, cette autre priorité phare de Bazoum Mohamed, est loin d’être gagnée. Les achats frénétiques d’armes de guerre et la coopération militaire remusclée entre Paris et Niamey n’ont pas suffi à desserrer l’étau djihadiste qui étrangle des milliers de Nigériens. Beaucoup reste à faire dans ce domaine, Bazoum Mohamed doit en être conscient. Au nombre des défis de taille qui se dressent devant le chef de l’État, figure l’extrême vulnérabilité alimentaire dans laquelle vivent des millions de Nigériens « Le Niger est l’un des pays prioritaires de la région du Sahel en raison de ses crises humanitaires multiformes », souligne le communiqué de presse sanctionnant la fin de la visite au Niger de Joyce Msuya, Sous-Secrétaire aux affaires humanitaires de l’ONU. D’après l’organisme onusien, en cinq ans, le nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire a plus que doublé au Niger, passant de 1,9 million en 2017 à 4,3 millions début 2023. Comment Bazoum Mohamed compte-t-il s’y prendre pour sortir autant de Nigériens de cette grande précarité alimentaire ? C’est toute la question.
Une dose de bonne volonté
Lutter résolument contre la corruption, après une longue décennie de mise à sac des deniers publics, contre l’emprise de l’islamisme armé qui ne cesse de croître au Niger et sur ses populations, profitant des faiblesses de l’Etat, contre la cherté de la vie, contre la crise humanitaire, etc, des difficultés de tous ordres attendent le chef de l’Etat. Lourde responsabilité. Le défi est immense.
Comme on le voit, Bazoum Mohamed a devant lui des chantiers les uns plus compliqués que les autres. « La volonté permet de grimper sur les cimes ; sans volonté on reste au pied de la montage », dit un proverbe chinois. À la fin de cette année, où le président de la République espère-t-il se retrouver ? Sur les cimes où au pied de la montagne ? La réponse à cette question est dans quelques mois.