Au Sahel central (Burkina Faso, Mali, Niger), la situation des enfants est de plus en plus préoccupante à cause de l’insécurité grandissante qui sévit dans la zone depuis une dizaine d’années. Outre l’insécurité alimentaire, plus de dix millions d’enfants ont besoin de toute urgence d’une aide humanitaire a alerté l’UNICEF dans un rapport intitulé SOS Enfants publié le 17 mars 2023 (un chiffre deux fois plus élevé qu’en 2020), ces enfants sont également privés du droit à l’éducation.
Selon les agences onusiennes, plus de 8.300 écoles sont fermées dans les trois pays, en raison de l’insécurité. Plus d’une école sur cinq a fermé au Burkina Faso et 30% des établissements scolaires de la région de Tillabéri (Niger) ne fonctionnent plus en raison des conflits. « Dans la zone ‘’des trois frontières’’, le mode opératoire des terroristes est simple et ne nécessite pas de gros efforts. Ils intiment à l’enseignant l’ordre d’abandonner son école au risque de se faire égorger. Sachant qu’on ne peut pas poster des militaires dans chaque école, la menace suffit à fermer un établissement, voire à vider un village de ses habitants. C’est la réalité. », a déclaré le président Mohamed Bazoum dans l’entretien qu’il a accordé à Jeune Afrique le 26 mai dernier. Et d’après le ministre de l’Education nationale, Pr Ibrahim Natatou, qui était récemment sur le terrain, ce sont 921 écoles qui sont fermées dans la région de Tillabéri, contre 817 en octobre 2022 dernier en raison de l’insécurité. Soit 891 écoles primaires et 30 établissements d’enseignement secondaire. Au total, ce sont 79.829 élèves de la région qui sont ainsi privés de leur droit à l’éducation.
Dans les trois pays du Sahel central, les Etats et leurs partenaires tentent d’apporter des solutions à cette situation inacceptable. En 2022, l’intervention du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a permis à 1,2 million d’enfants d’avoir accès à une éducation formelle ou non formelle, notamment à l’apprentissage préscolaire. Mais les interventions humanitaires restent sous-financées. L’UNICEF, par exemple, n’a reçu en 2022 qu’un tiers des 391 millions de dollars demandés pour financer ses activités dans la région. Pour 2023, elle demande 473,8 millions de dollars.
Que faire ?
Présentant le 10 janvier 2023 au Conseil de sécurité le rapport du Secrétaire général sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, la Représentante spéciale adjointe pour cette région a constaté une aggravation de l’insécurité, particulièrement au Sahel. « L’insécurité s’est à nouveau aggravée dans la région en dépit des efforts déployés par les forces de sécurité nationales et leurs partenaires internationaux », a déploré Giovanie Biha devant le Conseil, dénonçant la fermeture forcée dans le Sahel de plus de dix mille (10.000) écoles et de sept mille (7.000) centres de santé en raison des attaques de groupes armés. Pour en finir avec cette crise sécuritaire, les observateurs préconisent de trouver des solutions plus innovantes et générer un engagement national, régional et international fort et sincère pour le retour de la sécurité au Sahel. Les Sahéliens doivent comprendre que ce qui se passe dans un pays du Sahel central est un problème régional et non d’un pays seulement. Nos pays doivent s’ouvrir les uns aux autres pour constituer un front de riposte vigoureux contre le terrorisme. Le salut est à ce prix. L’on se rappelle qu’en 2021, du 25 novembre au 09 décembre, les forces armées du Burkina Faso et du Niger ont mené une opération conjointe qui a permis de démanteler deux bases terroristes à la frontière entre les deux pays, faisant une centaine de djihadistes tués. Pourquoi ce genre d’opérations ne se font plus entre le Niger et le Burkina et entre le Niger et le Mali ?