Jusqu’au début de la décennie 2000, les agressions armées nocturnes dans la rue n’étaient pas courantes dans les quartiers dits populaires et ceux du centre-ville de Niamey dotés d’éclairage public fonctionnel. C’est surtout dans les quartiers périphériques de la ville que le phénomène s’observait. Aujourd’hui, presque aucun quartier de la capitale n’est épargné par cette forme s’insécurité urbaine entretenue essentiellement par des bandes de jeunes brigands à pied ou à motos. Le constat est alarmant !
Prolifération des bandes
Ces dernières années, il ne se passe un mois sans que la police nationale ne démantèle à Niamey des réseaux de malfaiteurs qu’elle présente à la presse. Ce sont des bandes qui opèrent généralement par groupes, selon des modes opératoires variés. Les cibles privilégiées de ces malfrats sont les domiciles isolés sans surveillance à des moments précis de la journée ou de la nuit, les établissements commerciaux, les stations-services, les agences de transfert d’argent, etc., selon les descriptions faites par la police lors de la présentation des réseaux démantelés. D’autres s’attaquent carrément aux piétons et motocyclistes nocturnes et se servent généralement d’armes blanches (couteau, coupe-coupe, machette, etc.) pour contraindre leurs victimes à s’exécuter. Gare à une quelconque tentative de résistance si vous n’êtes pas sûr de vos moyens de défense. Ils n’hésiteront pas à s’en servir pour vous blesser souvent mortellement. Ceux-là sont encore plus dangereux, car sur le terrain chaque nuit que Dieu fait dans l’espoir de tomber sur des proies isolées. Les zones sombres et peu animées constituent leurs planques privilégiées. Mais même dans les endroits éclairés, à une certaine heure tardive de la nuit, l’on n’est guère en sécurité totale, qu’on soit piéton ou à moto. Des victimes récentes de ces bandes criminelles nous ont raconté leurs mésaventures. T. Abdou a été agressé par surprise et dépouillé de son argent et son téléphone portable par une bande de 3 individus dans les parages de la place publique jouxtant le Nouveau Marché alors qu’il rentrait chez lui à pied. ‘’Je marchais sans douter un seul instant qu’une agression était possible dans cette zone quand deux individus, sortis je ne sais d’où, sont venus par derrière m’immobiliser par les bras. Je tentais de me défaire de leur emprise quand un troisième est arrivé par devant, un couteau en main, pour me menacer et fouiller mes poches’’, relate Abdou. ‘’Je n’avais que mon téléphone et quelques pièces d’argent qu’ils ont arrachés pour s’engouffrer en courant dans une ruelle du quartier. Je ne pouvais pas les poursuivre de crainte d’être tué’’, ajoute-t-il. S. Hamidou, lui, aura moins de veine qu’Abdou. Il rentrait chez lui au guidon de sa moto aux environs de 2 heures du matin, lorsqu’il a été pris en chasse par deux jeunes à moto aussi dont celui de derrière tenait une machette en main dans les parages du marché Bonkaney. L’ayant finalement rattrapé au bout d’une courte distance, celui qui tenait la machette tenta de lui asséner un coup qu’il esquiva mais dans le geste, il perdit le contrôle du guidon et tomba. ‘’Mesurant la gravité de la menace, je me suis aussitôt relevé pour fuir en criant au secours. Le temps que les riverains arrivent, ma moto est déjà emportée’’, raconte Hamidou qui porte encore les traces des blessures causées par la chute. Ce genre d’agressions armées nocturnes a pris des proportions plus qu’alarmantes. ‘’Nos différents services de police enregistrent régulièrement à Niamey des dizaines de plaintes d’agressions physiques avec arme blanche souvent suivies de spoliation d’argent ou de biens matériels’’, déclare une source policière. A la lumière de ces statistiques de 2018, l’on mesure l’ampleur de phénomène que la Direction de la police de la ville de Niamey avait justifié par ‘’l’accroissement accéléré’’ des quartiers de la capitale.
Des chiffres qui donnent le tournis
Comme on le sait, l’année 2018 avait été marquée à Niamey par une flambée exceptionnelle des agressions armées nocturnes, avec même des morts parmi les victimes dont deux enregistrés dans la Ceinture verte entre 22 heures et 23 heures. Devant cette situation, l’organisation et le fonctionnement du dispositif sécuritaire de la ville avaient été réadaptés et cela a permis d’appréhender les bandes criminelles auteurs des trois assassinats. Mieux, la Ceinture verte avait été nettoyée des brigands qui y pullulaient. Les statistiques de la Direction de la police de la ville de Niamey, sur la période allant du 1er janvier au 1er août 2018 font état de 259 personnes agressées ; 5 voitures, 1116 motos et 999 téléphones portables emportés. L’intensification des patrouilles et des opérations coups de poing par le dispositif sécuritaire ont permis de retrouver et restituer à leurs propriétaires des véhicules, 88 motos et 149 téléphones portables déclarés volés. Quelque 746 individus impliqués dans plusieurs affaires de délinquance ont été interpellés et déférés au parquet. Mais le phénomène a la vie très dure. Aussitôt des bandes criminelles démantelées par la police, de nouvelles se reconstituent avec souvent ‘’des malfrats déjà appréhendés et emprisonnés qui recouvrent la liberté au bout d’un laps de temps’’, a déploré un officier de police. ‘’Nous accomplissons quotidiennement notre mission de sécurisation des populations et leurs biens en cherchant à démanteler les bandes criminelles, mais c’est l’éternel recommencement hélas, du fait de cette situation inexplicable’’, fulmine-t-il. La sécurité urbaine n’étant l’affaire de la seule police, les citoyens doivent aussi être prudents et vigilants surtout la nuit, en évitant notamment les zones à risque potentiel.