Pour riposter contre la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), l’État et ses partenaires ont mobilisé des milliards FCFA. La gestion de cette cagnotte est entourée d’un voile d’opacité. Une Inspections Générale d’État (IGE) a été lancée pour y voir plus clair. Vent de panique dans plusieurs ministères.
Des milliards à la pelle
Le Niger a confirmé le premier cas de coronavirus (COVID-19) sur son sol le 19 mars 2020. Issoufou Mahamadou a été l’un des tout premiers chefs d’État africains à parler de cette pandémie sur un média international. Dans un entretien qu’il a accordé à France 24, le 3 avril 2020, l’ancien président de la République a défendu l’idée d’un « plan Marshall » pour l’Afrique à travers « une expression très forte de la solidarité internationale ». Pour le cas spécifique du Niger, les autorités ont estimé les besoins financiers à près de 600 milliards FCFA. Les fonds ont afflué de toutes parts, c’est le moins qu’on puisse dire. Déjà le 15 avril 2020, la Banque mondiale a approuvé « un financement de 13,95 millions de dollars [plus de 8 milliards FCFA] destiné à prévenir, identifier et faire face à la menace que le coronavirus fait peser sur la santé publique au Niger et à renforcer les capacités de préparation des systèmes nationaux », a rapporté l’institution de Bretton Woods. Toujours dans le but d’atténuer l’incidence de la pandémie de la COVID-19 sur le plan sanitaire, social et économique au Niger, en juillet 2020, le Fonds Africain de Développement a consenti un accord de prêt et de don de quelque 33 milliards FCFA en faveur de notre pays.
Voile d’opacité
Au-delà des fonds mobilisés auprès des partenaires internationaux, l’État du Niger a également fait appel à la générosité nationale. Ainsi, le 3 avril 2020, il a été créé un « Fonds de solidarité pour la lutte contre le COVID19 ». Des particuliers et des entreprises publiques et privées ont alimenté le compte dédié à cette action à hauteur d’environ 1milliard 76 millions FCFA à la date du 30 avril 2020. Le point de la situation de ce fonds a été fait une seule fois. Depuis, les citoyens ignorent tout de la destination prise par cet argent. Quant aux fonds mobilisés au niveau international, ils ont été pour l’essentiel mis à la disposition des ministères et autres démembrements de l’État. L’utilisation faite de ces milliards FCFA est entourée de multiples zones d’ombre. Pour y voir plus clair, une Inspection Générale d’État (IGE) a été ordonnée par le président de la République. Cette enquête qui est particulièrement focalisée sur le ministère de la Santé publique (le plus gros bénéficiaire des fonds), s’est étendue sur d’autres départements ministériels dont celui de l’Hydraulique et autres démembrements de l’Etat. Entre marchés de gré à gré accordés à la clientèle politique, dépenses non justifiées et volatilisation pure et simple de fonds, les Nigériens attendent impatiemment les conclusions de l’IGE.
Vent de panique
La clientèle politique arrive en tête des bénéficiaires des fonds destinés à la riposte contre la COVID-19. Ets Hassane Attaba 237.596.770 F CFA, Ets SACI : 146.920.000 FCFA, Ets Rachad : 69.998.120 FCFA, Ets ABS : 59.476.032 FCFA, Ets Arrimal 57.172.000 F CFA, Ets DSI 56.699.760 F CFA, etc., sont parmi les dizaines « d’établissements » visiblement crées pour la circonstance afin de siphonner les fonds COVID. On retrouve les traces de ces irrégularités dans le rapport 2021 de la Cour des comptes. Le vent de panique qui souffle dans plusieurs ministères et autres démembrements de l’État suite à l’IGE diligentée sur les fonds Covid n’a rien de surprenant, les fautifs craignent de subir la rigueur de la loi. Que fera le président de la République du rapport de cette IGE pour le moins explosif ?
L’avenir nous le dira …