La situation au Niger a fait émerger une nette dissonance entre les grandes puissances, cristallisant ainsi les enjeux géopolitiques et stratégiques du Sahel. Le coup d’État, orchestré par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), a mis en évidence des divergences majeures entre les politiques extérieures de pays traditionnellement alliés.
Au cœur de cette dissonance, la France a fermement soutenu l’idée d’une intervention armée au Niger, avec l’ambition déclarée de restaurer le président déchu, Mohamed Bazoum, au pouvoir. Dans ce cadre, Paris a bénéficié du soutien de la CEDEAO, de l’Union Africaine et de l’Union européenne. Cependant, cette position française s’est heurtée à l’opposition des États-Unis, et de certains alliés européens de premier plan de la France présents au Niger.
Alors que la France s’attache à des principes de légalité constitutionnelle, les États-Unis semblent opter pour une diplomatie pragmatique, s’appuyant sur leur force militaire présente et leurs capacités de surveillance. Les propos du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, soulignent clairement cette position, arguant qu’aucune “solution militaire acceptable” n’existe.
Mais au-delà des déclarations officielles, une réalité s’impose : les bases militaires américaines au Niger sont stratégiquement vitales pour Washington, notamment celle d’Agadez. Les États-Unis sont donc davantage préoccupés par le maintien de ses installations militaires, cruciales pour leur capacité de surveillance dans la région, que par le rétablissement du président déchu.
Toutefois, la France n’est pas seulement isolée vis-à-vis des Américains. Les alliés européens, tels que l’Allemagne, la Belgique et l’Italie, ont également manifesté des signes de divergence avec Paris. Chaque nation semble prioriser ses intérêts propres, qu’il s’agisse du retrait des troupes du Mali pour l’Allemagne ou de la gestion de la crise migratoire pour l’Italie. En outre, ces pays n’ont pas contesté les demandes des autorités militaires nigériennes, notamment quand elles demandent le départ des troupes françaises du Niger. Au final, le coup d’État au Niger n’est pas seulement une crise interne, mais une manifestation des enjeux géopolitiques régionaux.