La récente crise politique au Niger, suite au coup d’État ayant déposé le président Mohamed Bazoum, a mis en lumière des divergences marquantes entre les acteurs internationaux. Alors que la CEDEAO plaide pour la restauration du président déchu, les fissures entre Washington et l’UE émergent quant à une potentielle intervention armée.
D’abord, il convient de souligner les dissonances internes à la CEDEAO. Alors que l’organisation régionale ouest-africaine a formulé des plans pour une intervention militaire pour restaurer Bazoum Mohamed au pouvoir, ces projets suscitent des doutes croissants parmi certaines de ses capitales. La crédibilité et la capacité d’action de la CEDEAO semblent mises à l’épreuve par ces désaccords internes.
À ce tableau déjà complexe s’ajoute une médiation parallèle du président togolais, Faure Gnassingbé. Sa discrète intervention auprès du conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte au pouvoir à Niamey, n’a pas été bien reçue par d’autres membres de la CEDEAO, suscitant irritation et malaise.
Cependant, c’est le revirement américain qui est le plus frappant dans ce contexte. Alors que Washington avait initialement manifesté son soutien à Bazoum, l’administration Biden a par la suite modifié sa position, préférant insister sur une “solution pacifique à la crise constitutionnelle”. Cette volte-face américaine, manifeste dans ses interactions avec le général Moussa Salaou Barmou (le nouveau chef d’Etat-major des FAN), un interlocuteur clé des militaires américains, a semé le trouble au sein de la CEDEAO. Ce changement a été interprété par certains comme une inclination à protéger les intérêts stratégiques des États-Unis, notamment leurs installations militaires au Niger.
L’Union européenne, quant à elle, est en proie à ses propres discordes. Si certains, comme le chef de la diplomatie de l’UE, ont envisagé un soutien financier à une intervention de la CEDEAO, des divisions profondes subsistent parmi les États membres. L’Allemagne, par exemple, a abandonné l’idée de rétablir Bazoum dans ses fonctions regard de la dynamique en cous à Niamey, privilégiant ses propres intérêts sécuritaires dans la région. La France, quant à elle, semble de plus en plus isolée dans sa position de soutien ferme au président déchu, alors même que la junte nigérienne exprime son hostilité envers Paris.
En somme, ce qui aurait pu être une réponse unifiée à la crise au Niger s’est transformée en un champ de dissensions et de préoccupations nationales. L’approche concertée espérée entre la CEDEAO, Washington et l’UE pour une intervention militaire au Niger s’est fragmentée, rendant la résolution de la situation d’autant plus complexe. La restauration de Bazoum, initialement considérée comme une évidence, est désormais devenue un mirage.
La Rédaction