Alors que le Niger est au cœur d’une tempête politique et sociale sans précédent, l’ex ministre des Affaires Étrangères, Hassoumi Massoudou, donne une interview au journal italien La Republica parsemée de déclarations parfois surprenantes. Il est essentiel de s’interroger sur l’exactitude et l’objectivité de ces informations. L’emploi de termes tels que “dictature militaire”, “répression féroce” et “véritables pillages” peut-il être justifié sans preuves tangibles ?
Mélodrame autour de la détention de Bazoum
Evoquer les conditions de détention du président Bazoum souffrant de paludisme dans une maison sans électricité et sans eau semble sortir tout droit d’un mélodrame. Il est essentiel de rester factuel. Massoudou semble chercher à émouvoir plutôt qu’à informer.
Les motivations derrière le coup d’État, une interprétation contestable
La description de Massoudou du Niger comme un pays en “plein développement” avant le coup d’État laisse dubitatif. Était-ce vraiment le cas ? Si oui, pourquoi un groupe de militaires aurait-il décidé de renverser un gouvernement prospère ? Massoudou peint une image noire du Conseil national pour la protection de la patrie (CNSP), les qualifiant de « bande de voyous » et de « gang ». Il semble oublier qu’un coup de force ne surgit pas dans un vide mais est souvent le résultat d’années de frustrations accumulées, de politiques gouvernementales défaillantes qui sont les symptômes de 12 années de règne de la Renaissance. La représentation unidimensionnelle de la situation par Massaoudou est donc simpliste et réductrice. Le contexte de la prise de pouvoir ne peut être réduit à une ambition personnelle du général Tiani. Il est nécessaire de comprendre les racines profondes de cette situation sans tomber dans la facilité.
L’omission de la voix de l’opposition
Il est troublant de constater que Massaoudou ne reconnaît pas la légitimité ou même l’existence d’une opposition réelle au Niger. En qualifiant le parti Lumana comme étant “peu représentatif” et de “tendance ethno-régionaliste”, l’ex ministre révèle une vision simplifiée de la complexité du paysage politique nigérien.
Le risque d’une vision trop simpliste
L’affirmation selon laquelle “toute transition, même si elle ne dure que deux mois, revient à légitimer le coup d’État” est d’une naïveté déconcertante. Une transition, si elle est bien gérée, peut offrir une opportunité de dialogue, de réconciliation et de refonte d’une nation.
L’exploitation de la menace terroriste
La manière dont Massoudou aborde la menace terroriste ressemble plus à une vieille tactique de manipulation rhétorique pour gagner la sympathie internationale qu’à une véritable préoccupation. Si la situation sécuritaire au Niger est préoccupante, c’est aussi à cause de la gestion antérieure du pays par le gouvernement de Bazoum. Accuser la junte de l’expansion du terrorisme sans reconnaître les échecs antérieurs est non seulement malhonnête, mais aussi dangereux.
La solution militaire : est-ce vraiment la seule option ?
Massoudou semble confiant que la CEDEAO mènera une intervention « rapide et efficace » au Niger. Mais il simplifie grandement les complexités et les implications d’une telle opération. Il ne suffit pas de déclarer que l’armée nigérienne ne défendra pas les putschistes ; une intervention militaire peut déclencher un conflit prolongé. L’histoire nous a montré que le recours à la force, loin d’apporter des solutions durables, engendre souvent davantage de problèmes et de souffrances pour la population. Le risque d’une intervention armée, même si elle est qualifiée de “policière”, est considérable et pourrait avoir des conséquences imprévues. De plus, affirmer que des pays comme le Burkina Faso et le Mali, aux prises avec les attaques djihadistes, ne soutiendraient pas la junte est audacieux, pour ne pas dire présomptueux.
Tout en reconnaissant les défis auxquels le Niger est confronté, il est crucial d’adopter une approche plus nuancée et réfléchie que celle présentée par Massoudou. Sa vision n’est guidée que par ses intérêts personnels et politiques plutôt que par une évaluation objective de la situation qui prévaut au Niger. Pour avancer, notre pays a besoin d’une analyse honnête de la réalité, loin des manipulations rhétoriques.