C’est le saut de l’ange. Quand un plongeur ou un parachutiste l’effectue, c’est sans retour. Le parachute s’ouvre ou ne s’ouvre pas. On dit aussi brûler ses vaisseaux, c’est-à-dire, s’engager dans une voie et s’interdire toute possibilité d’une reculade. C’est à cet exercice périlleux que s’est livré le général de brigade Abdourahamane Tiani, président du CNSP, lors de son interview exclusive à la télévision nationale, la RTN, le dimanche 10 février 2024. Point de langue de bois. Il a envoyé aux orties le langage diplomatique en appelant un chat, un chat. Advienne que pourra ! Chacun en prend pour son grade, à commencer par l’ex puissance tutrice, la France.
MACRON LE MATAMORE
Les gens ne disent plus Emmanuel Macron, mais ‘’Emmanuel Colon’’. Tout le nonchaloir de l’homme est aux antipodes de l’image qu’il veut que l’on perçoive de lui. Dire que le Niger, en ce début du troisième millénaire de l’ère chrétienne, est une propriété exclusive de la France est un non-sens. Même les plus abrutis des colons des siècles écoulés n’auraient pas osé clamer une telle absurdité. Sa notion de possession s’appuie sus des rapports de domination évanescents, dans un monde sur lequel souffle un vent de mondialisation, apte à ébranler toutes les chapelles et leurs certitudes. Sait-il seulement que même pour son pays, la France, la notion mouvante d’un espace géographique doté d’une histoire et d’une langue unificatrice, voire de civilisations croisées, n’appartient plus aujourd’hui à une entité figée pour l’éternité ? Pas plus le Niger, que le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, aucun pays n’est la “chose” d’un autre sur la durée. Les pays cheminent un temps ensemble, se fondent les uns dans les autres, ou divergent sur des routes séparées. C’est tout. Et quand le général parle des 107 ans de spoliation du Niger par la France, on peut aisément imaginer, que Macron ne soit pas aux anges…
TINUBU LES DEMONS DU PASSÉ
Pour le général Tiani, le chef de l’Etat de la République fédérale du Nigéria, Bola Tinubu, est un autiste, ou, à tout le moins, un responsable politique qui a la mémoire courte. Il pactise aveuglément avec Macron, émanation d’un système qui voulait découper le Nigéria en plusieurs entités indépendantes dont, notamment, le Biafra. Sans la solidarité agissante de Diori Hamani, à l’époque président du Niger, le Nigéria ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Du reste, ceux qui se sont penchés sur le parcours politique de Tinubu font ressortir qu’il a toujours été pour une partition de son propre pays. Haoussas à part ; Ibos à part ; Yorubas ( son ethnie) à part. Ecce homo! Voici l’homme. Plus rien à ajouter.
TALON, ” BUSINESS AS USUAL”
Le président béninois, tout compte fait, selon Tiani est rassurant quelque part. Il ne raisonne qu’en termes de gain pour lui, et son pays. Comme il a un flair politique indéniable, il ne peut courir le risque de braquer les Béninois frontalement contre lui. Il le dit lui-même : les Béninois, dans leur grande majorité, sont contre les sanctions. On peut aussi dire que le pipeline Niger- Cotonou contribue à éclaircir ses idées, quelque peu désordonnées.
ADO, LE FANTOCHE
Le général ne s’est même pas donné la peine de parler trop longtemps du président Alassane Dramane Ouattara, l’archétype du larbin du néocolonialisme. Au lieu de dire Ouattara, dites plutôt : Macron. Ce serait du pareil au même, sur les problèmes de la CEDEAO. Passons.
MACKY, LE LOUVOYANT
Il a mis de l’eau dans son vin au sujet des sanctions iniques et abstruses contre le Niger. En vue, probablement, de faire passer, en douce, son projet de “Tazartché”. Le général fait une référence appuyée sur le fameux discours de La Baule, de François Mitterrand, dont le but final était de fragiliser nos États par un prêt-à-porter démocratique inopportun. Il en profite pour lancer une pique aux États terroristes, sans les nommer. Toujours est-il que l’on n’a pas pris des mesures draconiennes face à des velléités de coup d’Etat institutionnel de Macky Sall, comme ce fut le cas pour notre pays. Deux poids, deux mesures.
L’OR DES DECHUS
C’est clair. C’est net. C’est sans bavure. L’or saisi en Éthiopie, près d’une tonne et demi, a-t-on prétendu, est une pure désinformation montée de toutes pièces par les ennemis du CNSP et du peuple Nigérien. L’intoxication est l’arme fatale de la “5eme colonne,” c’est-à-dire les agents que l’on laisse derrière soi pour mener des actions de renseignement, de sabotage et de désinformation pernicieuse. Les Nigériens doivent être prévenus pour pouvoir s’en garder. Aucun membre du CNSP n’est dans la chaîne exploration- exploitation- exportation de l’or tiré du sous-sol Nigérien. Par contre, on ne peut pas en dire autant des barons de l’ancien régime. Il faut donc sévir, sans retard. Oui, mais, comme le dit le général Tiani, chaque chose en son temps.’’