Au cœur de Neuilly-sur-Seine, dans l’ouest parisien, se trouve un hôtel particulier agrémenté d’un petit jardin, qui fait l’objet d’un bras de fer diplomatique intense entre la junte du général Abdourahamane Tchiani et Aïchatou Boulama Kané, ex-ambassadrice du Niger en France. Cette résidence, acquise durant la présidence de Seyni Kountché (1974-1984) – époque du boom de l’uranium au Niger – est depuis septembre le théâtre d’une lutte de pouvoir symbolisée par des coupures d’électricité et des changements de serrures.
Depuis le mois de septembre, le CNSP dirigé par le général Tchiani s’efforce de prendre possession de ce bien immobilier, toujours occupé par Mme Kané. Malgré les multiples injonctions de la junte, l’ex-ambassadrice reste ferme et n’a pas encore répondu à ces demandes de quitter les lieux. Dans un geste de défiance, les autorités de transition ont même ordonné la coupure de l’électricité de la résidence, une action rapidement contrée par une intervention du Quai d’Orsay, qui a exigé et obtenu la réactivation du courant.
En dépit de la destitution de Mohamed Bazoum par un coup d’Etat le 26 juillet 2023 et la nomination par le CNSP d’un chargé d’affaires pour succéder à Mme Kané, la France continue de reconnaître cette dernière comme la seule représentante légitime du Niger. Cependant, l’accès à son bureau lui a été refusé en septembre dernier, la junte ayant procédé au changement des serrures de l’ambassade.
Ce bras de fer entre la junte et l’ex-ambassadrice révèle les tensions politiques internes au Niger et soulève des questions sur la légitimité des représentants diplomatiques en situation de crise politique. La position ferme de la France, soutenant l’ambassadrice déchue, souligne la complexité des relations entre les anciennes colonies et les anciennes puissances coloniales, ainsi que les implications de la politique intérieure sur la scène internationale.