La Cour de justice de la CEDEAO à Abuja est, ce lundi 6 novembre 2023, le théâtre d’une ironie politique particulièrement cinglante pour le Niger. Devant ses juges, deux affaires aux enjeux colossaux seront débattues, et la décision judiciaire résonnera au-delà des murs de la Cour.
D’une part, le Niger, meurtri et entravé par des sanctions sans précédent de la CEDEAO, se bat pour reprendre son souffle après le coup d’Etat du CNSP. Ces sanctions, pareilles à un carcan, se sont abattues sur le peuple nigérien déjà étranglé par des subtilités, avec la subtilité d’un marteau pilon. Oui, le Niger doit se défaire de cette étreinte punitive qui ne fait que précipiter la descente aux enfers de sa population déjà éprouvée. Il est aberrant qu’une institution régionale, censée préconiser l’intégration et la solidarité, se mue en bourreau impitoyable sous le fallacieux prétexte de démocratie.
D’autre part, nous avons l’ancien président Bazoum Mohamed, chassé par un coup d’État, cherchant désormais réparation pour violation des droits humains. Un retour en grâce judiciaire de Bazoum serait une ironie du sort, une insulte au peuple, car s’il remporte son procès contre l’État, il ébranlerait davantage un pays qui aspire à tourner la page. Son triomphe serait une défaite pour la transition politique en cours et renforcerait la perception d’une impunité pour les dirigeants déchus.
Dans cet imbroglio juridico-politique, les juges de la CEDEAO doivent naviguer avec une impartialité de marbre. Ils tiennent entre leurs mains le sort d’un pays et la crédibilité d’une institution régionale déjà fortement questionnée.
Les Nigériens, déjà ballotés par un quotidien austère, méritent mieux que de servir de monnaie d’échange dans une partie d’échecs régionale. La CEDEAO se doit de redorer son blason, non pas en infligeant des sanctions aveugles, mais en œuvrant pour la stabilité et la prospérité de ses membres.
Ainsi, en ce jour crucial, nous attendons de la Cour qu’elle éclipse les intérêts politiques pour laisser place à la seule lumière du droit. Que son verdict soit le reflet d’une justice intègre, loin des pressions extérieures du présent.