L’attente est palpable, le souffle est suspendu. Ce jeudi 7 décembre 2023, la Cour de justice de la CEDEAO se prépare à prononcer un jugement crucial, un jugement dont les répercussions pourraient redéfinir les contours de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. Mais la question est de savoir si cette Cour est à la hauteur du défi qui se présente à elle, et surtout, si elle est consciente de la portée de sa décision dans le contexte actuel où le Niger, pivot central de la région, s’oriente déjà vers l’Alliance des États du Sahel (AES).
Le litige, opposant l’État du Niger et d’autres à la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement, n’est pas une simple affaire juridique ; c’est un bras de fer politique qui met en jeu l’avenir même de la CEDEAO. La décision à venir ne doit pas être une sentence isolée, déconnectée des réalités politiques et sociales. Elle doit être un acte de sagesse, une démonstration de discernement politique et de vision institutionnelle.
La Cour, dans sa grande sagesse, ne doit pas ignorer le fait que le Niger, avec son inclination vers l’AES, signale un désir de changement, une quête d’alternatives face à une CEDEAO perçue comme inefficace, voire sclérosée. Comment, dans ces circonstances, la Cour peut-elle se permettre de rendre une décision qui accentuerait la fracture, qui précipiterait une implosion de l’organisation ? Il s’agit là d’un risque trop grand, d’une conséquence trop lourde pour être ignorée.
Une décision qui irait à l’encontre des intérêts du Niger, en pleine transition vers l’AES, ne ferait qu’exacerber les tensions, semer la discorde et, finalement, miner l’influence et la légitimité de la CEDEAO. Une telle issue serait un désastre, non seulement pour l’organisation elle-même, mais aussi pour l’idéal d’unité régionale auquel aspirent les peuples d’Afrique de l’Ouest.
En ce moment décisif, la Cour de justice de la CEDEAO se trouve à la croisée des chemins. D’un côté, la possibilité de préserver l’unité, de maintenir la cohésion et de renforcer la confiance en l’institution ; de l’autre, le risque de fracturer davantage une région déjà en proie à de multiples défis. Le choix est clair, et l’on ne peut qu’espérer que la Cour fera preuve de la sagesse nécessaire pour choisir la voie de l’unité et de la stabilité. Car au-delà d’une simple décision de justice, c’est l’avenir de la CEDEAO elle-même qui est en jeu.