Mine de rien, c’est une véritablement déflagration atomique que le général de brigade, président du CNSP et chef de l’Etat, Abdourahamane Tiani, a provoqué au plan mondial, lors de sa dernière interview le 10 Février 2023, à la télévision nationale, la RTN. L’onde de choc est en train de parcourir toute la planète, et ses effets, pour le moment, sont encore insaisissables. Il s’est agi, ni plus ni moins d’un sujet ultra-tabou, caché pudiquement sous le boisseau, des décennies durant : la repentance des pays ex-colonisateurs, qui prétendaient apporter la ”civilisation ” mais qui, en réalité, exploitaient systématiquement et méticuleusement des contrées entières qu’ils avaient réussi à coloniser. La contrition, peut-être, mais surtout les dédommagements des pays victimes de la colonisation et du néocolonialisme. La bombe est lâchée. Ses effets induits et ses dommages collatéraux ne peuvent plus être traités en catimini, dans un cercle fermé d’initiés corrupteurs et corrompus, œuvrant pour extravertir les économies subsahariennes. En clair, une classe compradore, totalement soumise aux intérêts exogènes.
UN MÉCANISMES BIEN HUILÉ
Ce n’est pas nous qui le disons, mais bel et bien le journal américain, le ” New-York Times”, qui parle d’une spirale d’endettement rédhibitoire paralysant le développement de la république de Haïti, pendant plus d’un siècle. Le journal se base sur le fait que pour donner une indépendance “contrôlée ” à ce pays, il a fallu lourdement l’endetter. Les paiements de la dette à la France, affirme le journal, ont coûté à Haïti entre 21 à 115 milliards de dollars ( 20 à 108 milliards d’euros) selon les sources. Un lourd handicap que ce premier État noir indépendant de notre ère moderne n’arrive pas à surmonter jusqu’à nos jours !
Lors de nos indépendances formelles dans les années 1960, les accords pernicieux, tenus secrets, nous faisaient obligation de passer par des sociétés estampillées France pour toute importation, même les plus insignifiantes. Ne parlons pas des endettements opaques que nul ne peut cerner très exactement aujourd’hui et qui laissent certains supposer ou affirmer qu’on nous a tendu la facture des infrastructures réalisées dans l’intérêt de l’exploitant durant la colonisation… Toujours est-il qu’au jour d’aujourd’hui, le système est tel que nous ne pouvons pas réduire et, encore moins, payer ces “dettes” mais seulement les intérêts qu’elles génèrent. Et encore, après avoir supplié les “généreux” bailleurs de fonds improprement surnommés PTF ( Partenaires Techniques et Financiers) non pas, qu’ils tinssent à ce label, mais comme vernis sur une planche pourrie, on ne peut faire mieux. Rien de tel pour briser l’essor économique des États nouvellement “émancipés”.
En réalité, le néocolonialisme n’est rien d’autre que le colonialisme sans ses charges inhérentes. Les mêmes droits et avantages sans les soucis qu’auraient provoqué une tutelle officielle. Rien à dire. C’est puissamment cogité. Chapeau !
COMPENSATION
Depuis, en gros, cinq siècles, que les pays européens ont pillé, sans vergogne, les immenses richesses des pays colonisés, et qu’ils ont continué, sous une forme plus subtile, leur mise à sac, en accordant des indépendances fictives, greffées à des accords léonins bénéficiant de la complicité active d’une classe compradore, dont les intérêts sont étroitement liés à ceux des ex- tuteurs. Jugez-en. Le prix du concentré d’uranium ( Uq Co) varie pour le Niger, entre 13 et 17 dollars le kilogramme. Or, sur le marché mondial, il est vendu à 65 dollars la livre ( 453g) soit environ 130 euros le kilo, par Areva, devenu Orano. Avec le coup d’Etat du 26 juillet 2023, les prix sont en train de flamber. Nous ne maîtrisons pas, de bout en bout, les quantités extraites et les prix qu’on nous impose à l’achat. Pour couronner le tout, en 1994, on décide, un beau matin, de nous appauvrir de moitié, sans aucune faute de notre part. ( la dévaluation n’arrangeait que l’économie hexagonale). Le général Tiani a-t-il raison de ruer dans les brancards ou pas ? Il veut que cette duperie cesse. Et soit chiffrée en termes de pertes de croissance, donc, de réparations. L’addition sera présentée aux intéressés, en l’occurrence ici, la France, qui pourra, si elle le désire, négocier, ( ça c’est une fleur de notre part) des échéanciers assez souples…
Vous vous dites, très certainement, que c’est utopique de vouloir contraindre l’ex puissance tutrice à aller pour ainsi dire à Canossa. Les grandes réalisations de l’histoire ont toujours débuté par un rêve. Suivez donc comme un apophtegme ce poète et romancier américain noir,
Langston Hughes ( 1901 1967) :
” Hold fast to dreams
for, if dreams die
life is a broken winged bird that cannot fly.”
( Accrochez-vous aux rêves car, si les rêves meurent , la vie est un oiseau aux ailes
brisées, qui ne peut pas voler).