L’annonce imminente par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de la levée des sanctions économiques imposées au Niger marque un tournant décisif dans la crise politique qui secoue la région sahélienne. Cette décision, prévue pour être officialisée lors du prochain sommet de la CEDEAO ce 24 février, intervient après une période de tensions exacerbées et de débats houleux sur l’approche à adopter face aux régimes militaires de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Depuis le coup d’État du CNSP du 26 juillet 2023 qui a renversé le président Mohamed Bazoum, le Niger a été au cœur de l’échiquier géopolitique régional. L’acte de rébellion contre l’ordre constitutionnel a suscité une réaction ferme de la part de la CEDEAO, matérialisée par des sanctions économiques, financières et commerciales sans précédent contre notre pays. Ces mesures, perçues par certains comme un échec, ont eu un impact considérable sur l’économie nigérienne, déjà fragilisée par des défis sécuritaires.
Le retrait des sanctions par la CEDEAO est donc un signal fort, qui atteste d’un adoucissement de la posture jusqu’alors intransigeante de l’organisation. Cela révèle non seulement une volonté de dialogue, mais aussi une reconnaissance des limites de l’approche punitive. Cette décision, attendue avant le Ramadan, pourrait ouvrir la voie à un renouveau des relations entre le Niger et ses voisins ouest-africains.
Toutefois, cette évolution soulève des questions fondamentales sur le rôle et l’avenir de la CEDEAO elle-même. Créée initialement en 1975 comme un organe d’intégration économique, elle a progressivement embrassé un rôle plus politique, se positionnant comme un acteur crucial dans la promotion et la sauvegarde de la démocratie dans la région. La pertinence de cette mission est désormais remise en question, certains acteurs régionaux contestant sa légitimité à intervenir dans les affaires internes des États membres.
Le sommet de la CEDEAO du 24 février s’annonce donc comme un moment décisif, non seulement pour le Niger, mais pour toute la région ouest-africaine. Il sera crucial de voir comment l’organisation s’adapte à ces nouveaux défis et équilibre ses objectifs d’intégration économique avec son rôle de gardien de la démocratie. Comme le souligne un ministre de la région, « il faudra ouvrir le débat ». Cette remise en question pourrait être l’opportunité de réaffirmer, ou de redéfinir, les principes et les ambitions de la CEDEAO pour l’avenir.