Réagissant aux critiques sur les réseaux sociaux contre les opérateurs économiques nigériens depuis l’annonce de ‘’la modeste’’ contribution financière donnée par la Chambre de commerce et d’industrie à l’échelle du pays au Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie (FSSP), le secrétaire général de la Confédération patronale du Niger a déclaré dans un audio que ‘’la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a’’. Comme on le sait, les 8 antennes régionales de la Chambre du commerce et d’industrie ont mobilisé la somme de 722 millions FCFA en guise de contribution à la cagnotte du Fonds créé par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) pour une collecte des ressources auprès des bonnes volontés en vue de mener certaines interventions militaires et sociales.
De nombreux Nigériens ont trouvé dérisoire la somme donnée par les opérateurs économiques nigériens, allant jusqu’à établir parfois des comparaisons avec les niveaux de contribution financière à l’initiative similaire au Burkina Faso et au Mali où l’on a enregistré des donations de plus d’un milliard par certains opérateurs.
Pour Adolphe Assogba, secrétaire général de la Confédération patronale du Niger, ‘’c’est vrai que le montant est petit’’, mais ‘’c’est ça que les gens ont’’. Contrairement à ce que beaucoup pensent, les opérateurs économiques nationaux sont pauvres, parce qu’ils n’ont pas eu accès aux gros marchés depuis 13 ans.
‘’Qui a de l’argent pour donner un milliard ? Depuis 13 ans dans ce pays, les gros marchés sont systématiquement accordés à des multinationales ou à des entreprises étrangères. Ceux à qui on a donné des marchés, qui sont capables de donner un milliard ne sont plus là. Même les nationaux à qui on a fait ces cadeaux ne sont pas là ; ils ont déguerpi, ils ne sont plus à Niamey. Et les étrangers aussi sont partis, depuis qu’il y a eu le coup d’Etat’’, a déploré Assogba, accusant implicitement le régime déchu d’être l’auteur de cette exclusion.
En guise d’illustration, il a énuméré un certain nombre d’entreprises étrangères qui ont régulièrement bénéficié de marchés de plus de 50 milliards FCFA souvent, à l’instar de la Satom, des sociétés turques et tunisiennes, etc., pendant que les opérateurs économiques tiraient la langue.
Ce sont les entreprises étrangères qui ont été privilégiées qui sont en mesure de donner plus d’un milliard, mais elles ont plié bagages dès qu’il y a eu le coup de force. Pour lui, c’est aussi ça le problème de donner les gros marchés aux sociétés étrangères au détriment des opérateurs nationaux pour des considérations de dessous de tables. Assogba a parfaitement raison !
Cette exclusion des entrepreneurs nigériens dans l’octroi de gros marchés publics à laquelle s’est adonné le régime déchu 13 ans durant est un véritable crime économique. ‘’Un opérateur économique nigérien ne peut pas bénéficier de tels marchés à l’étranger’’, a-t-il affirmé, déplorant aussi la fabrication à tour de bras d’opérateurs économiques, sans aucune expertise, sans aucune surface financière, par le régime déchu. ‘’Chaque ministre vient avec ses opérateurs économiques, le plus souvent des gens affamés. Dès qu’ils gagnent leur premier marché, ils cherchent à s’acheter une maison, acheter une voiture, se marier, aller à la Mecque et donner le reste à celui qui a donné le marché pour se retrouver sur les carreaux, en attendant un autre marché’’, a fustigé, à juste titre, Assogba.
Comment avec de telles pratiques rédhibitoires et dans un tel environnement peut-on avoir dans notre pays une masse critique d’opérateurs économiques viables ? La question doit être prise en charge à l’occasion de cette transition pour mettre définitivement fin à cette situation dont la conséquence première est la fuite des capitaux.