La situation économique du Niger traverse une période de turbulence sans précédent, soulignée par une série de déclassements successifs de sa note de crédit par l’agence de notation Moody’s. Depuis le coup d’État militaire du CNSP qui a renversé le président Mohamed Bazoum, l’agence américaine a abaissé la note de notre pays par trois (3) fois en l’espace de huit mois, traduisant une précarité financière croissante.
Le 9 février 2024 marque une étape supplémentaire dans cette descente aux enfers financiers, avec la réduction de la note de Niamey de Caa2 à Caa3. Cette classification, synonyme d’obligations de très mauvaise qualité et de risque de crédit particulièrement élevé, met en exergue la fragilité de la situation économique du Niger. Depuis l’instabilité politique survenue en juillet 2023, le Niger a vu sa capacité à attirer les investissements se détériorer considérablement, passant de la catégorie “investis- sement spéculatif” à un territoire encore plus précaire.
Cette situation alarmante est principalement alimentée par l’accumulation d’impayés substantiels. Selon UMOA-Titres, l’organisme régissant la gestion des émissions de dette dans la région, le Niger a cumulé entre juillet 2023 et février 2024 des arriérés de paiement avoisinant les 300 milliards de F CFA (environ 490 millions de dollars), soit 2,9 % de son PIB. Moody’s projette que les échéances des obligations en monnaie locale pour 2024 représenteront près de 6 % du PIB du pays.
Les sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) suite au coup d’État ont exacerbé ces difficultés. Ces mesures punitives entravent la capacité du gouvernement à respecter ses engagements financiers, plongeant davantage le pays dans la crise économique.
Toutefois, un léger espoir se profile à l’horizon. En dépit de ce tableau sombre, Moody’s a révisé la perspective du Niger de « négative » à « stable », anticipant une augmentation des revenus en devises étrangères grâce à la mise en service du pipeline pétrolier vers le Bénin. Inauguré en novembre 2023, cet oléoduc de près de 2.000 km offre au Niger un accès inédit aux marchés internationaux du pétrole brut.
La situation actuelle du Niger est donc à la croisée des chemins : d’un côté, les sanctions économiques post-coup d’État qui pèsent lourdement sur ses finances ; de l’autre, l’espoir d’une relance économique grâce à de nouvelles sources de revenus.