Déclaration du président de la COLDEFF
Au sortir d’une audience avec le chef de l’Etat, le général Tiani, le Colonel Abdoul Wahid Djibo, président de la Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (COLDEFF), a fait part des progrès significatifs réalisés par son organisation depuis le début de ses activités en décembre 2023. Selon le Colonel Djibo, la COLDEFF a réussi à recouvrer 15.744. 252.011 F CFA, dont 12 milliards 38.839.799 F ont déjà été versée au Trésor et 3. 000.705. 412. 212 attendus dans les prochains jours. Ces chiffres ont reçu les félicitations et le soutien du Chef de l’Etat.
Le président de la COLDEFF a également abordé les défis auxquels l’organisation est confrontée, notamment en ce qui concerne l’accès aux dossiers judiciaires et les difficultés rencontrées avec la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions assimilées (HALCIA). Selon lui, la HALCIA aurait effacé des bases de données cruciales, entravant ainsi les efforts de la COLDEFF. Malgré ces obstacles, le Colonel Djibo reste confiant et déterminé, affirmant que la COLDEFF continue de travailler efficacement, quoique discrètement, pour la satisfaction du peuple.
Réaction de la HALCIA
En réponse, l’ancienne équipe de la HALCIA a vigoureusement réfuté les allégations du Colonel Abdoul Wahid Djibo. Les anciens membres de la HALCIA ont assuré que toutes les données sont sécurisées et disponibles, contrairement aux accusations portées par le président de la COLDEFF. Ils ont exprimé leur indignation face à ces déclarations qu’ils jugent diffamatoires et ont réaffirmé leur volonté de collaborer avec la COLDEFF pour le bien supérieur de la nation. Ils ont également souligné que la COLDEFF a hérité de tous les actifs de la HALCIA y compris le matériel de bureau, des véhicules (11), des fonds financiers (200 millions) et tous les rapports d’enquête (121).
La transition de la HALCIA à la COLDEFF, plutôt que d’être une étape progressive dans la lutte contre la corruption au Niger, ressemble davantage à un fiasco administratif et à un terrain fertile pour la corruption elle-même. Les allégations du président de la COLDEFF, sur la destruction des données par la HALCIA, si elles sont s’avérées, dépeignent un acte de sabotage institutionnel épouvantable et inexcusable et une possible obstruction à la justice. Toutefois, l’assertion contraire de la HALCIA, affirmant la préservation de toutes les données, suggère soit une tentative délibérée de manipulation ou de dissimulation d’informations, de la part de la COLDEFF, soit une incompétence criarde en matière de gestion de l’information. Dans les deux cas, cela révèle une désorganisation et un manque de responsabilité qui sont inacceptables pour des institutions censées incarner l’intégrité et la transparence.
Échec de la collaboration et crédibilité en berne
L’absence apparente de collaboration efficace de la transition de la HALCIA et la COLDEFF est un échec flagrant. Cet état de fait soulève des questions sur la crédibilité et l’efficacité de la lutte contre la corruption au Niger qui exige une transparence sans faille et une coopération institutionnelle solide. Or, les conflits ouverts et les accusations mutuelles entre la HALCIA et la COLDEFF dépeignent un tableau de dysfonctionnement institutionnel qui est profondément troublant. Ce climat de méfiance et de conflit ne fait qu’ajouter au scepticisme sur la volonté réelle du gouvernement à combattre efficacement la corruption.
Gestion catastrophique de l’information
Les problèmes de gestion de l’information, tels que décrits dans cette transition entre la COLDEFF et la HALCIA, sont extrêmement préoccupants. Si les allégations de perte ou de destruction de données sont exactes, cela révèle une incompétence choquante dans la gestion des informations cruciales pour la lutte contre la corruption. De telles lacunes ne peuvent être tolérées dans des organismes censés protéger l’intégrité publique et financière.
Une transition mal orchestrée et entachée de controverses ne fait qu’éroder davantage la confiance du public dans les institutions gouvernementales. Ce qui est révélateur d’un manque de volonté politique ou de compétence pour gérer efficacement des changements institutionnels de cette envergure, ce qui est inadmissible.
Conclusion
En somme, la transition de la HALCIA à la COLDEFF est loin d’être un simple changement administratif. Les allégations et contre-allégations entre les deux organismes ne font que renforcer l’impression d’une lutte anti-corruption chaotique, mal gérée et potentiellement compromise. Il est impératif que les efforts de lutte contre la corruption soient menés de manière transparente, responsable et efficace, dans le meilleur intérêt de la nation. Cela nécessite une volonté politique claire, une communication transparente et une coopération inter-institutionnelle solide. Sans cela, ces efforts risquent de rester superficiels et inefficaces.