« Le roi est mort, vive le roi ! », cette formule qui nous vient du fond des siècles a refait surface au Royaume-Uni ce 8 septembre 2022. La reine Élisabeth II s’en est allée après quelque 7 décennies de règne. Les Anglais ont aussitôt fait allégeance à Charles III, le nouveau roi. Comme quoi, « le roi ne meurt jamais : le corps naturel meurt mais la fonction demeure. » La disparition d’Élisabeth II a provoqué des réactions mitigées en Afrique. Rien d’étonnant, le continent noir n’est plus coutumier des monarchies. On en vient à se poser la question : où sont les vestiges du royaume du Dahomey, de l’empire du Mali, de l’empire Songhay etc. ? Les divisons ethniques et la pénétration coloniale européenne ont eu raison de ces royautés africaines. Aujourd’hui, les pays du continent Africain sont majoritairement des Républiques, seules 3 monarchies subsistent encore : le royaume du Maroc, le royaume d’Eswatini (appelé Swaziland jusqu’en 2018) et le royaume du Lesotho. Il est évident que l’Afrique a tourné le dos aux têtes couronnées.
À la suite de la révolution de 1974, l’Empire éthiopien, l’un des plus vieux sur le continent africain, a pris fin avec la déchéance du dernier Empereur d’Éthiopie, Haïlé Sélassié 1er. L’histoire retiendra les cérémonies tout aussi pompeuses que guignolesques lors du ‘’couronnement’’ de Bokassa 1er comme Empereur de Centrafrique le 4 décembre 1977 à Bangui. La postérité retiendra également ceci : « Le premier dirigeant étranger à féliciter Bokassa pour son accession au titre impérial est Valéry Giscard d’Estaing. » Pour préserver ses intérêts, la France a grandement soutenu Bokassa dans sa mégalomanie. Aujourd’hui, sous couvert de démocratie, une nouvelle forme de ‘’monarchie constitutionnelle’’ a pris forme dans nos pays d’Afrique où les dirigeants usent « des pouvoirs de nomination que leur donne la Constitution pour former autour d’eux une cour d’obligés ». Ainsi naissent les rois dans l’Afrique démocratique. Les triturations constitutionnelles pérennisent ces règnes où les abus rythment le quotidien du peuple.