Le 19 octobre 2023, les ondes nationales résonnent d’une nouvelle sensationnelle. Mohamed Bazoum, président déchu, aurait, selon le CNSP, ourdi une tentative d’évasion digne des plus grands scénarios hollywoodiens. Aux aurores, il aurait projeté, avec une équipe hétéroclite composée de membres de sa famille, de cuisiniers et d’agents de sécurité, de s’extraire des mailles serrées de sa détention. Tout était orchestré avec précision, divisé en trois phases distinctes, du palais présidentiel aux hélicoptères attendant leur précieux colis pour un exil au Nigeria.
Mais au-delà de cette narration épique, c’est le voile de doute qui interpelle. Les détails croustillants de cette tentative d’évasion, loin de convaincre unanimement, soulèvent davantage de questions qu’ils n’apportent de réponses. La minutie du plan dévoilé contraste avec l’absence de preuves tangibles. Aucun enregistrement, aucune image, rien qui atteste du déroulé des événements tels que présentés. De plus, comment un plan aussi élaboré a-t-il pu voir le jour sans attirer l’attention du CNSP, dont la surveillance de Bazoum est réputée infaillible ?
Cette affaire rappelle combien la vérité est souvent la première victime dans les jeux de pouvoir. Les zones d’ombre qui émaillent le récit du CNSP laissent la porte ouverte aux suppositions. Y aurait-il une volonté délibérée de discréditer davantage le président déchu ? Ou assiste-t-on réellement à une tentative désespérée de retrouver une liberté perdue ?
L’exigence d’une clarté absolue pèse désormais sur les épaules du CNSP. Car, dans un contexte où la confiance du public envers les institutions est fragile, chaque équivoque, chaque non-dit, risque de creuser le gouffre de défiance qui se dessine.
Cependant, si cette évasion est avérée, elle attesterait d’une audace inouïe, révélant la détermination de Bazoum et de ses soutiens. Mais en l’absence de preuves irréfutables, le doute persiste, nourrissant un feuilleton politique qui tient en haleine tout un pays.
Dans ce ballet d’ombres et de lumières, il appartient à la junte d’apporter des réponses claires. Sans cela, ce récit restera comme une tentative d’évasion non pas du président déchu, mais de la vérité, se réfugiant dans les ombres du doute et de la suspicion.