La dénonciation des accords de coopération militaire entre notre pays et les Etats-Unis d’Amérique, intervenue samedi 16 mars 2024, est accueillie favorablement au sein de l’opinion nationale. Ce qui n’est guère surprenant au regard de la requête insistante des populations auprès du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) de fermer aussi les bases militaires américaines implantées sur notre territoire, suite à sa dénonciation des accords avec la France, le 2 août 2023, rappelle-t-on.
C’est désormais chose faite et les arguments qui ont été présentés par le colonel-major Abdrahamane Amadou, porte-parole du CNSP, pour justifier la décision de Niamey de rompre les accords sont pertinents. Tout comme les soldats de la force française Barkhane, les Yankees également ne sont pas chez nous pour nous aider à combattre le terrorisme, mais pour préserver les intérêts de leur propre pays.
Mais paradoxalement, c’est le Niger qui déflaque ‘’des milliards de francs CFA’’ en termes de frais liés aux taxes de leurs aéronefs militaires. Alors même que notre hiérarchie militaire sait absolument rien de ce qu’ils font et ils ne sont pas obligés de nous prêter main forte en cas de sollicitation. A partir de cet instant, à quoi sert finalement leur présence sur notre territoire avec une importante base de drones dans la région d’Agadez ?
C’est la raison pour laquelle la dénonciation des accords de coopération militaire avec l’Oncle Sam a immédiatement suscité des réactions d’approbation au sein des organisations de la société civile dès le lendemain. A commencer par celle du Comité régional de soutien au CNSP (COSCNSP/AGADEZ), qui dit avoir suivi ‘’avec plaisir’’ le communiqué du gouvernement dénonçant les accords’’, dans un communiqué publié, dimanche 17 mars 2024.
‘’Cette nième décision patriote vient à suffisance prouver l’engagement du CNSP à défendre les intérêts du Niger’’, a indiqué l’organisation, rappelant que cette dénonciation des accords avec les Etats Unis est ‘’l’une des grandes doléances’’ formulée par la population d’Agadez ‘’lors de la grande manifestation historique du 3 août 2023’’.
Pour l’obtention de ce retrait des forces américaines de notre territoire, le Comité de soutien au CNSP d’Agadez projette d’entamer ‘’bientôt un sit-in à la devanture de la base américaine d’Agadez jusqu’au départ du dernier soldataméricain sur notre territoire. Le combat ne fait que commencer. Nous devons montrer aux yeux du monde entier que cette décision n’est pas du CNSP, mais de tous les nigériens’’, annonce le communiqué.
Ici à Niamey, la première réaction émane du Front Patriotique pour la Souveraineté (FPS), qui a exprimé ‘’son plein soutien à la décision courageuse du CNSP’’ consistant à dénoncer ‘’les accords de défense entre le Niger et les Etats Unis d’Amérique’’, dans un communiqué de presse publié ce dimanche 17 mars.
‘’Les accords de défense en question, qui accordent des prérogatives excessives aux forces étrangères sur notre territoire, menace directement notre souveraineté’’, dénonce le FPS, demandant au CNSP ‘’d’engager dans les meilleurs délais, des poursuites judiciaires contre les auteurs et coauteurs de ces accords qui constituent assurément une haute trahison vis-à-vis des intérêts du Niger et de son peuple’’.
Pour sûr, selon l’organisation de la société civile, cette dénonciation courageuse est un pas de plus vers la préservation de notre indépendance et notre souveraineté.
‘’Dans le contexte actuel de refondation et de construction des Etats de l’Alliance du Sahel (AES), il est essentiel que nous consolidions notre indépendance et notre souveraineté. Nous devons être maîtres de notre propre destin et ne pas permettre que des intérêts étrangers dictent nos politiques de défense et de sécurité’’, préconise le FPS, exhortant le CNSP ‘’à continuer ce combat pour la libération totale du Niger’’.
Les Etats Unis, par la voix du porte-parole du Département d’Etat américain, a déclaré ‘’prendre note de la décision de Niamey de rompre les accords défense liant les deux pays. Nous sommes conscients de la déclaration du CNSP du Niger, qui fait suite à des discussions franches cette semaine à Niamey sur nos inquiétudes concernant la trajectoire du CNSP. Nous sommes en contact avec le CNSP et fourniront d’autres mises à jour si nécessaire’’, a écrit Matthew Miller sur sa page X.
Les modalités de retrait des troupes américaines stationnées au Niger feront ultérieurement l’objet de discussions entre les deux parties. Si encore les Etats Unis se résolvent à le faire sans aucune résistance. C’est une nouvelle source de préoccupation pour les organisations de la société civile soutenant le CNSP, qui disent craindre un scenario similaire au cas de la Syrie ou encore à celui de l’Irak, où les troupes américaines sont toujours sur place, plusieurs années après avoir accepté de se retirer à la demande des autorités desdits pays.