Dans l’incessante ronde des élections en Afrique, se révèle un cycle infernal d’espérances déçues et de promesses trahies. C’est le tableau d’un continent où, malgré des siècles de luttes et de rêves d’autodétermination, les populations semblent étrangement captives de leur propre volonté d’espérer, malgré un passé qui gronde de ses avertissements ignorés.
Cette “bêtise” présumée des peuples, de voter pour leurs “bourreaux”, n’est pas tant une question d’ignorance qu’une tragique ironie de l’histoire. Elle reflète une profonde désillusion et un manque d’alternatives crédibles. En Afrique, les élections se trouve souvent piégées dans un cycle électoral stérile, Les promesses de progrès et de prospérité, égrenées s’évaporent une fois les bulletins dépouillés. La promesse d’une vie meilleure, un refrain épuisé dans le chœur des campagnes politiques, ne parvient jamais à franchir le seuil de la réalité.
Dans ces démocraties fragiles, où les institutions sont souvent encore en gestation, la politique est réduite à un exercice de survie plutôt qu’à une véritable aspiration au changement. La population, éreintée par des décennies de promesses non tenues, vote dans un état de résignation plutôt que d’enthousiasme.
Ce constat s’étend aux régimes issus de coups d’État. L‘accueil initialement triomphant réservé aux régimes militaires, vus comme des libérateurs, se mue rapidement en un amer constat d’échec. L’histoire africaine est jalonnée de ces régimes qui, naissant dans la ferveur, s’éteignent dans l’opprobre. La célébration des nouveaux héros se transforme inévitablement en un maelström de désenchantements.
Le philosophe George Santayana avait averti : “Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter.” Cette amnésie collective, réelle ou feinte, est le vrai bourreau des nations africaines. Les peuples ne sont pas “bêtes”, mais pris dans un étau où le choix se situe entre le mal connu et l’incertitude de l’inconnu. Ce dilemme n’est pas propre à l’Afrique, mais la récurrence de ces ‘’patterns’’ en fait une préoccupation centrale.
Le chemin vers un avenir meilleur n’est pas dans la reconduction des mêmes échecs, mais dans l’éveil d’une conscience collective qui ose défier le statu quo et embrasse véritablement l’innovation et le changement. Pour que les peuples africains ne soient plus les acteurs résignés d’une pièce dont ils connaissent déjà la fin, il est temps de réécrire le scénario, avec une vision renouvelée et des acteurs déterminés à briser le cycle des échecs.