L’année scolaire 2022-2023 vient d’être définitivement bouclée avec l’organisation, sans anicroche, des examens du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) et du Baccalauréat dans des conditions acceptables.
Les résultats provisoires des deux examens sont déjà connus, en attendant la présentation du bilan officiel par les autorités compétentes, qui permettra à l’opinion de savoir si la moisson a été bonne ou pas.
Pour l’heure, les premiers constats qu’on peut tirer, c’est qu’il y a eu cette année moins de cas de tentatives de corruption et de fraude lors du déroulement des deux examens, contrairement aux années précédentes.
Ce qui signifie que les messages de sensibilisation et de mise en garde diffusés par la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia) et le ministère de l’Education nationale à l’endroit des candidats et les parents a porté. Seuls quelques cas isolés ont été signalés, notamment dans la région d’Agadez.
L’autre constat, le taux de réussite au brevet s’est nettement amélioré cette année, contrairement au Bac qui semble afficher un compteur alarmant dans toutes les séries. A ce niveau, il y a surtout lieu de craindre un taux de réussite global en dessous de la barre de 30% qui serait décevant.
Ce succès enregistré dans l’organisation du Brevet du Bac 2023 à l’issue d’une année scolaire globalement jugée stable doit certainement faire jubiler le président Bazoum Mohamed et son ministre de l’Education nationale.
Peu importe les taux de réussite, le plus important à leurs yeux, c’est le fait d’être parvenus à relever le défi du bon déroulement de l’année et de le sanctionner par l’organisation des examens aux dates indiquées.
Mais est-ce vraiment un succès dont il faut se réjouir quand des centaines d’enfants nigériens n’ont pas eu la chance de passer ces examens en raison de l’interruption brutale de leur scolarité dans les régions de notre pays confrontées à la crise sécuritaire terroriste ?
Le cas de la région de Tillabéri est emblématique à ce sujet. Des centaines d’écoles ont fermé leurs portes dans cette région meurtrie de notre pays, pour certaines depuis plusieurs années, sous la pression des groupes terroristes.
Le dernier recensement du ministère de l’Education nationale fait état de la fermeture de quelque 921 écoles fermées en mai 2023 du fait de l’insécurité contre 817 en octobre sur un nombre total de 3.098 établissements scolaires que compte la région, soit une hausse de 104 écoles supplémentaires en l’espace de 8 mois.
Du fait de cette situation révoltante, près de 80.000 élèves parmi lesquels de nombreux collégiens et des lycéens sont privés d’école pour une durée indéterminée.
Les rares centres de regroupement scolaire créés par le gouvernement dans certaines localités de la région où règne une relative sécurité n’ont ni les capacités ni les ressources nécessaires pour prendre en charge les dizaines de milliers d’enfants déscolarisés dans cette zone dite des trois frontières.
Combien sont-ils les collégiens et lycéens qui n’ont pas eu la chance de se présenter à ses examens pour poursuivre leurs études, du fait de la fermeture brutale de leurs établissements pour cause d’insécurité ?
Il serait intéressant de la part du gouvernement de mener une étude pour renseigner cet aspect précis de la déscolarisation massive qui affecte gravement les enfants de Tillabéri, du fait de la crise sécuritaire persistante dans la région.
Mais se contenter juste de donner des chiffres bruts concernant la situation des enfants qui ne vont plus à l’école n’est pas de nature à éclairer suffisamment l’ampleur du drame silencieux qui se joue dans cette région.
Le sort de ces milliers de candidats potentiels au brevet et au Baccalauréat chaque année –filles et fils de paysans sans ressources- laissés sur les carreaux préoccupe-t-il seulement les gouvernants ? Le doute est permis !
La chance de poursuivre des études poussées et espérer une vie meilleure semble définitivement compromise pour nombre d’entre eux.
Face à une telle indifférence criarde dont sont victimes des dizaines de milliers d’enfants de la région de Tillabéri privés d’école, un gouvernement responsable peut-il bomber le torse pour clamer qu’il est en train de redresser l’école parce qu’il est parvenu à assurer le fonctionnement régulier du système dans les régions sécurisées du pays uniquement ?