Comme vous le savez, à la suite du coup d’Etat du 26 juillet, la CEDEAO et l’UEMOA ont pris des mesures drastiques contre le Niger. Voici, pour rappel, quelques-unes des sanctions adoptées : fermeture des frontières aériennes et terrestres avec le Niger ; suspension de toutes les transactions commerciales et financières avec le Niger, y compris celles impliquant les produits pétroliers, l’électricité, les biens et services ; suspension de toutes les transactions financières entre les pays de l’UEMOA et le Niger ; gel des avoirs financiers et monétaires de l’État du Niger à la BCEAO et dans les banques commerciales des pays de l’UEMOA ; gel des avoirs financiers et monétaires des entreprises publiques et parapubliques du Niger à la BCEAO et dans les banques commerciales des pays de l’UEMOA ; suspension des opérations financières entre les banques du Niger et les banques installées dans les autres pays de l’UEMOA ; suspension de toute assistance et transaction financière en faveur du Niger par les institutions de financement de l’UEMOA, en particulier la BOAD. Ces sanctions contre le système financier nigérien impactent très négativement l’économie nationale et empêchent tout espoir de voir le pays engranger les revenus liés à l’exportation régulière de l’or noir. D’où l’urgence de trouver des solutions alternatives.
En attendant ces solutions alternatives, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), peut-être induit en erreur, s’est précipité pour suspendre les paiements électroniques des impôts et taxes dus à la DGI et des droits et taxes de douane. Or ces paiements ne vont pas à la BCEAO, ils n’ont rien à voir avec cette banque centrale, qui est devenue aujourd’hui un instrument politique aux mains de certains chefs d’Etat de la sous-région. Les plateformes de ces paiements étaient liées à la SONIBANK. Avec les recettes publiques qui sont aujourd’hui versées au Trésor public, les banques se trouvent privées de liquidités. Une situation qui risque aussi de créer une insécurité autour de ces recettes, celles-ci étant manipulées par des agents publics. Les paiements des salaires au niveau des banques sont devenus difficiles parce que celles-ci ne disposent pas de liquidités du fait aussi que les opérateurs économiques, gros pourvoyeurs de liquidités, n’y font plus faire des versements. C’est le cas aussi des sociétés publiques dont les responsables intérimaires n’ont pas la qualité juridique pour agir.
Pour se sortir la tête de l’eau, le CNSP et le Gouvernement de transition se doivent de trouver rapidement des solutions de sortie de crise, ils doivent faire preuve d’ingéniosité. L’on se rappelle qu’à une certaine époque, le gouvernement en place, pour faire face aux arriérés de salaires, avait initié un système de compensation par des parcelles et des bons de trésor pour éponger lesdits arriérés. Pour contourner aujourd’hui les problèmes de trésorerie, l’Etat pourrait payer les salaires par un système de monnaie électronique. Ce qui n’aurait rien à voir avec la BCEAO. Avec un compte MyNita par exemple, un fonctionnaire peut acheter des biens dans une grande surface, régler ses factures d’eau et d’électricité, etc. L’Etat devrait garantir la convertibilité de cette monnaie électronique aux opérateurs économiques. Si un commerçant se retrouve avec de la monnaie électronique équivalent à un (1) milliard de francs CFA et qu’il souhaitait commander du riz en Chine, l’Etat du Niger demande une ligne de crédit au niveau d’Eximbank. La banque paye la commande et celle-ci sera remboursée sur la production pétrolière, par exemple. Autre solution possible, l’Etat du Niger pourrait négocier avec la CNPC et prendre des avances sur la production pétrolière et les injecter dans le circuit bancaire national. Si ces dispositifs sont approfondis et mis en place, les sanctions seront contournées.