Dans la grande machinerie judiciaire du Niger, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) vient de subir un revers, un camouflet cinglant. Ce qui se présente comme une simple victoire procédurale pour Salem Bazoum, s’avère être une gifle retentissante pour la junte au pouvoir, mettant en lumière ses stratagèmes pour le moins douteux.
Il n’est pas anodin de rappeler que le même CNSP accuse Mohamed Bazoum de « haute trahison » et « d’atteinte à la sûreté de l’État ». Lourdes accusations !
Les avocats de Bazoum, dans leur démarche, n’ont pas tardé à se tourner vers des instances internationales, des remparts en ces temps incertains, pour dénoncer les agissements du CNSP. L’appel au Groupe de travail sur la détention arbitraire et au Comité des droits de l’Homme de l’ONU, ainsi que la saisine de la Cour de justice de la CEDEAO, ont cristallisé les enjeux du combat qui se joue : celui des droits de l’Homme.
Et la décision rendue le 6 octobre par le juge des référés du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey n’a fait qu’amplifier cette défiance. Elle est plus qu’un jugement, c’est une condamnation sans appel des pratiques du CNSP. Elle confirme sans ambages que Salem Bazoum est bien victime d’un trouble manifestement illicite. En un mot comme en cent, il est détenu contre son gré.
Cette sentence est un coup dur pour le CNSP : va-t-il libérer Salem Bazoum avec tous les risques que cela comporte ou va-t-il le maintenir en détention au risque d’être taxé de hors-la-loi ? Cet épisode judiciaire, loin d’être une simple querelle de prétoire, illustre la nécessité pour la junte militaire de comprendre qu’en politique, il est préférable de jouer à l’attaque qu’en défense. Pour la famille Bazoum, c’est une bataille de principes, une quête de justice. Pour le CNSP, c’est une leçon, un avertissement qu’il ferait mieux de prendre en compte.