Le CNSP, depuis son coup de force orchestré le 26 juillet 2023 ayant délogé le président Bazoum Mohamed du pouvoir, semble avoir trouvé une méthode efficace pour asseoir sa légitimité : capitaliser sur le sentiment anti-français prévalant dans le pays. Cette stratégie, au départ astucieuse, lui a valu un soutien populaire inébranlable. Si la junte militaire a pu jouir d’un soutien sans faille dans ses débuts, le vent commence à tourner.
Un soutien populaire en passe d’être ébranlé par des sanctions implacables
La CEDEAO et l’UEMOA, dans une tentative de restaurer l’ordre constitutionnel, n’ont pas hésité à imposer des sanctions économiques, financières et commerciales d’une sévérité sans précédent au Niger. Les conséquences ne se font pas attendre. La population est désormais prise en étau entre des délestages interminables, conséquence directe de la coupure de la fourniture de l’énergie électrique par le Nigeria, accentuant la fragilité d’une économie déjà vacillante, des pénuries de denrées de première nécessité, notamment le riz – un pilier de l’alimentation du pays -, la cherté de la vie et un manque flagrant de liquidités.
Un système bancaire en détresse
Face à l’embargo, les banques imposent des restrictions drastiques sur les retraits, provoquant un cercle vicieux : les entreprises et individus, ne pouvant accéder à leurs fonds librement, évitent les dépôts bancaires, plongeant plusieurs banques de la place désormais en situation précaire, mettant ainsi en péril la stabilité financière du pays.
L’exclusion politique : une grogne latente
La grogne monte également dans les rangs des formations politiques, réduites au silence depuis le coup d’État. Leurs membres, se sentant marginalisés dans la gestion de la transition, reprochent à la junte militaire une approche hermétique, créant un sentiment d’exclusion et de frustration. Ce sentiment d’isolement n’est pas l’apanage des seuls politiciens. Les fonctionnaires de l’Etat, eux aussi affectés par des retards de paiement de leurs salaires, joignent leurs voix au concert de mécontentement, face à un pouvoir qu’ils jugent amorphe.
Le peuple en quête de lueur
Plus inquiétant encore est le désarroi palpable parmi une frange de la population. L’incertitude quant à l’avenir, combinée à l’absence de perspectives claires concernant l’allègement ou la levée des sanctions de la CEDEAO, engendre un mécontentement sourd. L’espoir, qui semblait un temps être du côté du CNSP, s’amenuise. La junte militaire, autrefois acclamée, se retrouve désormais face à une avalanche de critiques.
Un appel à la lucidité
Il est indéniable que le CNSP, aujourd’hui, est assailli de toutes parts par des critiques. Cette situation délétère pourrait devenir le talon d’Achille de la junte. Elle se doit de prendre la pleine mesure des préoccupations du peuple, des acteurs politiques et économiques, et d’agir en conséquence. Pour cela, il est impératif que le CNSP adopte une approche plus inclusive, transparente et proactive pour naviguer à travers cette crise multidimensionnelle qui, si elle est mal gérée, pourrait non seulement tarir le soutien populaire initial mais aussi plonger le pays dans une léthargie prolongée.