Le 26 juillet 2023 a marqué un tournant crucial pour le Niger, avec un coup d’État orchestré par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) qui a évincé le président Bazoum Mohamed. Neuf mois après avoir pris le pouvoir, le CNSP, sous la direction d’Abdourahamane Tiani, se retrouve dans une position délicate, confronté à un désenchantement croissant de la population. L’écart se creuse entre les promesses initiales de souveraineté et de justice et les réalités complexes de la gouvernance.
Au-delà des engagements pris pour redonner au Niger sa pleine autonomie, le CNSP peine à satisfaire la soif de justice des citoyens nigériens. Ce désenchantement n’est pas tant le résultat d’intentions malavisées, mais plutôt le reflet d’une gestion qui n’a pas su être à la hauteur des attentes populaires. Les promesses de transformation rapide se heurtent souvent à la dure réalité des défis internes, notamment en matière de réformes judiciaires et de gestion transparente et inclusive.
L’histoire est riche d’exemples de régimes issus de coups d’État qui, bien qu’animés par un désir de changement, ont fini par perdre le soutien populaire pour avoir échoué à répondre aux attentes de justice sociale et économique et en raison de leur incapacité à mettre en œuvre des politiques qui répondent véritablement aux besoins du peuple. Pour le CNSP, le maintien de l’ordre et la mission proclamée de redonner au Niger sa pleine souveraineté ne suffiront pas à instaurer un climat de confiance durable sans des actions concrètes visant à améliorer le quotidien des Nigériens.
La survie politique du CNSP dépendra de sa capacité à transformer ses promesses en actions tangibles. Cela implique une ouverture au dialogue, la mise en place de réformes judiciaires profondes et l’adoption de mesures efficaces pour combler le fossé entre les attentes de justice sociale et la réalité politique actuelle. Sans ces ajustements, leur pouvoir risque de n’être qu’éphémère, comme l’histoire nous l’a souvent démontré.
Le CNSP doit comprendre que la légitimité ne découle pas seulement de la conquête du pouvoir, mais de son exercice équitable et efficace, sous peine de voir la désaffection actuelle se transformer en contestation active.