Avec le changement de régime intervenu le 26 juillet 2023, les Nigériens avaient fondé l’espoir de voir l’atmosphère politique se détendre avec la libération des détenus politiques.Mais près de neuf mois après le renversement du président Mohamed Bazoum, les détenus politiques, civils et militaires, restent toujours en détention. Contrairement à la Côte d’Ivoire, où le président Ouattara a accordé le 22 février sa grâce à cinquante et un prisonniers, civils et militaires, tous condamnés pour des infractions commises lors des crises post-électorales ou pour complot et atteinte à la sûreté de l’État, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP)n’aurait-il pas l’objectif de renforcer la cohésion du Niger ?
Une chose est sûre, en cas de changement de régime en Afrique, surtout par un coup d’État militaire, il est une pratique pour les nouvelles autorités de procéder à la libération des détenus politiques. Mais au Niger, le CNSP ne semble pas être dans une logique de décrispation du climat politique. D’où la grande déception des Nigériens. ‘’On ne croit plus au CNSP’’, disent certains sur les réseaux sociaux. Et à la veille de la manifestation de ce samedi 13 avril à Niamey pour demander le départ sans délai des soldats américains basés dans le nord du Niger, après la dénonciation le mois dernier par le régime militaire d’un accord de coopération avec Washington, des appels ont été lancés sur les réseaux sociaux à ne pas prendre part à ladite manifestation, initiée par Synergie, un regroupement d’une dizaine d’associations soutenant la junte. Les militaires ont-ils pris au sérieux ces appels à boycott ? Une chose est certaine, plusieurs figures du CNSP ont assisté à ce rassemblement devant le siège de l’Assemblée nationale, parmi lesquels le porte-parole de la junte, le chef d’état-major particulier du général Abdourahamane Tiani, ainsi que le chef d’état-major de l’armée de terre. Si beaucoup de Nigériens apprécient la rupture de la coopération militaire avec les Etats-Unis, la présence américaine étant jugée « illégale » et « viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques », ceux-ci attendent du CNSP qu’il situe les responsabilités au plan national.
Dans le cadre de la refondation du Niger, il est à souhaiter que le CNSP s’engage dans une décrispation politique. Le pouvoir militaire doit faire preuve de clémence envers les personnes détenues pour des raisons politiques. Cela renforcerait davantage l’union sacrée des Nigériens autour du CNSP. Une grâce présidentielle serait la bienvenue. Ne dit-on pas souvent que le Chef, c’est celui qui a besoin des autres. Le CNSP a besoin du peuple nigérien, le peuple a besoin du CNSP. Le nouvel organe dirigeant du pays a besoin du soutien de tous les Nigériens pour effectivement continuer l’œuvre de renouveau entamée le 26 juillet 2023. Face aux défis qui nous assaillent, il est souhaitable, par exemple, que les militaires relaxés à l’issue du procès de la tentative présumée de coup d’État de mars 2021, aucune charge n’ayant été retenue contre eux, soient réintégrés dans les rangs des Forces armées nigériennes (FAN), pour ceux qui le souhaiteraient. Ce serait aussi une manière de leur rendre justice. Face aux menaces de déstabilisation intérieures et extérieures auxquelles il fait face, le Niger a besoin de tous ses fils sans exception.