Pour nombre d’Africains, Kwame Nkrumah, le père fondateur de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), et ses compagnons tels que Sékou Touré et Julius Nyerereh entre autres ont emporté dans leur tombe l’essentiel du rêve qu’ils ont poursuivi leur vie durant. L’Afrique n’est toujours pas unie. « Touché et surtout affaibli par les conflits armés, le continent africain nécessite une organisation capable d’apporter une solution aux tensions. Et, c’est ainsi que se présente l’Union africaine (UA) : une institution en mesure de réagir rapidement afin de mettre fin à une atmosphère d’insécurité. », soutient-on dans les milieux panafricanistes après la mort de l’OUA. Entre « l’utopie unificatrice des pays africains », le sous-développement et l’instabilité politique, nos États trainent plusieurs clichés. Cependant, tout n’est pas noir à en croire l’économiste et écrivain sénégalais Felwine Sarr.
Dans son essai intitulé « Afrotopia » (un véritable succès de librairie depuis sa sortie en 2016), l’universitaire prend le contrepied des idées reçues, selon lui « l’Afrique n’a personne à rattraper ». Et d’ajouter : « l’Afrique est un continent porteur d’avenir qui regorge de richesses et de terres arables et dont la jeune population représentera le quart de l’humanité en 2050. Mais ce riche avenir ne sera pas sans une révolution radicale. Dans l’espace public d’abord, où la société civile doit faire entendre sa voix dans les décisions des gouvernements sur la gestion des richesses de leur pays. » D’après l’auteur, l’Afrique est bel et bien le « continent des possibles », il faut en finir avec « les critères d’évaluation prétendument objectifs et universels comme le PIB ou l’indice de développement. » Afrotopia propose justement une « nouvelle manière de regarder l’Afrique en mouvement, d’après ce qui s’y vit vraiment et non d’après une vision fantasmée. Pour Sarr, il faut arrêter de nous imposer des ‘’standards’’ occidentaux qui ne collent point à nos réalités. Ceux qui pensent que L’Afrique noire est mal partie (pour reprendre l’agronome français René Dumont), doivent revoir leur jugement. En tant que continent, nous progressons à notre rythme, pas à l’aune des critères venus d’ailleurs.