Prenons garde à ce vocable tant galvaudé par la littérature et le cinéma hollywoodien. N’est pas traitre à son pays qui, en son âme et conscience, et en toute liberté et lucidité, combat toutes les dérives et mauvaises orientations qui handicapent le développement harmonieux de son pays. Celui là n’est qu’un intellectuel, à la limite, trop idéaliste, si par ses postures il affaiblit les défenses de son propre pays. Le vrai traitre est celui qui, par simple cupidité, bêtise ou couardise, se vend à des intérêts extérieurs nocifs à l’avancée de sa nation. Les classes petites bourgeoises compradores ont l’excuse facile d’être ignorantes des dessous des cartes, avalant, sans chercher à comprendre, les miettes qu’on daigne leur lancer comme on lance des restes des plats aux chiens à l’affût autour de la table des maitres.
Objectivement, on ne peut pas les désigner comme traitres, même si l’on sait que par ailleurs ils représentent une majorité du dispositif de maillage de nos populations.
Ils ne sont pas conscients d’être des aliénés culturels au service des intérêts mercantiles exogènes. Ils ont un mode de pensée et des modèles taillés sur mesure pour les maintenir dans leur état de somnambulisme, singeant tout ce que fait l’extérieur, même quand la démarche est manifestement absurde ou saugrenue. Et tout ce qui est endogène est nécessairement dévalué à leurs yeux. Ils trouvent plus urgent de faire un film sur le ‘’grand Blanc’’ qu’une épopée d’un grand roi d’Afrique qui contribuerait à désaliéner son propre peuple. Plutôt lire Allan Edgar Poe que Bernard Dédié, voir un film de Jean Renoir que celui de Sembene Ousmane, et apprécier, contre toute attente ou logique, des Créateurs sortis ex-nihilo d’on ne sait où, mais, guides obligés, des parcours préétablis de l’extérieur. De toute évidence, ils sont les plus difficiles à combattre, leur position étant de facto, ectoplasmique.
Cependant, on ne peut se dispenser de cette lutte de longue haleine. Pour les traitres stipendiés, ceux qui sous le couvert d’une ONG ou d’autres sociétés-bidons, délibérément, agissent contre les intérêts de leurs propres pays. Quand il ne peut exister la moindre ambiguïté quant aux choix fondamentaux opérés, ceux-ci sont tout simplement des agents étrangers à la solde de l’Etranger. Nul besoin d’épiloguer sur le traitement à leur infliger. Traitement qui doit être à la mesure du mal qu’ils inoculent à la collectivité. Ils sont moins repérables que les compradores. Mais si l’on s’en donnait la peine, on apprendrait très vite à les détecter et à les mettre hors circuit. Sans parler du fait qu’ils sont, comme des hérissons, prêts à se recroqueviller sur eux-mêmes en cas de danger. Quoi qu’il en soit, ouvrons l’œil, et le bon !