Le coup d’État orchestré par le CNSP le 26 juillet 2023 a non seulement évincé Mohamed Bazoum du pouvoir, mais a également dévoilé une configuration politique complexe et une atmosphère chargée d’incertitudes. L’essence de cette incertitude repose sur un homme : Mahamadou Issoufou, l’ancien président de la République qui polarise l’opinion.
Derrière le semblant d’unité du CNSP, ce conseil, aux allures d’alliance hétéroclite il y a une cohabitation tendue entre partisans et détracteurs d’Issoufou Mahamadou. Symbole des dérives de treize années de gouvernance du PNDS-Tarayya, la figure de l’ex-président catalyse les tensions. Son règne évoque une période noire : corruption, détournements, effondrement des services publics, enrichissement sur le bien commun, élections truquées etc.
Tiani, en permettant la mise en cause judiciaire d’Abba Issoufou, fils de l’ancien président Issoufou et de Foumakoye Gado, montre-t-il un signe d’apaisement à l’égard des critiques du PNDS-Tarayya ou s’agit-il d’une stratégie bien réfléchie pour gagner du temps et consolider son pouvoir ? Si la menace d’une intervention de la CEDEAO s’amenuise, le véritable défi demeure : quel sort sera réservé à Issoufou Mahamadou ? La protection de ce dernier pourrait fissurer l’unité du CNSP et alimenter la défiance d’une grande partie de la population.
L’enjeu du destin de l’ex chef de l’Etat est donc de taille : préserver la cohésion du CNSP tout en répondant aux aspirations d’un peuple avide de justice sociale. Face à ce dilemme, Tiani doit savoir naviguer habilement dans cette mer agitée d’enjeux et de pressions multiformes. La sagesse, le courage et la clarté seront-ils ses seules balises dans cette traversée périlleuse ? La stabilité du Niger en dépend dans cette période de défis sans précédent.