La centrale photovoltaïque de Gouro-banda, d’une capacité de production d’énergie de 30 mégawatts (MW), devrait normalement commencer à fonctionner depuis le 25 août dernier, selon les prévisions de l’ancien régime. C’est la date butoir qui a été donnée à l’occasion de l’inauguration officielle le 5 juillet 2023 des installations techniques de la centrale, par le président déchu Bazoum Mohamed, en présence Joseph Borrell Fontelles, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne.
L’exploitation de la nouvelle source d’énergie n’a malheureusement pas débuté à la date indiquée à cause d’un blocage des travaux complémentaires qui devraient être effectués. Il s’agit notamment l’installation des cinq (5) postes de transformation d’une capacité de 6MW chacun, devant permettre à la Nigelec le transport et la commercialisation de l’énergie aux consommateurs.
Lequel blocage est imputé au départ des techniciens expatriés suite au coup d’Etat du 26 juillet, apprend-on, à l’occasion de la récente visite du nouveau ministre du Pétrole, des Mines et de l’Energie, au niveau des infrastructures techniques de la Nigelec de Gorou-Banda, en compagnie de la Directrice générale, Mme Fati Abarchi, pour s’enquérir des capacités réelles de production de la société par ces temps difficiles caractérisés par les sanctions illégales et criminelles de la CEDEAO.
Depuis le début du mois d’août, l’énergie électrique est devenue une denrée rare dans toutes les régions de notre pays desservies par la ligne d’interconnexion de Niamey-Birni Kébi, qui a été suspendue par le Nigéria dans le cadre de l’application des sanctions. Du fait de cette situation, les consommateurs sont soumis à de délestages intempestifs de jour comme de nuit.
Construite en deux (2) ans par le producteur d’énergies Akuo et le groupe de télécommunication SagemCom sous la supervision de la Nigelec, la centrale est composée de 55.776 panneaux solaires de 540 watt-crêtes chacun. La mise en service de l’infrastructure aurait pu permettre d’atténuer le déficit d’énergie lié à la suspension de la ligne Birni-Kébi. Sur place, le ministre Mahaman Moustapha Barké Bako, qui a bénéficié d’une visite guidée des installations par Maiga Issiaka, PDG de SagemCom, a donné des instructions fermes pour la production des 30 MW dans les plus brefs délais. Des assurances lui ont été fournies que 6MW seront disponibles incessamment avec l’achèvement des travaux d’installation de l’un des postes de transformation. Tout ce qui restait, c’est le test préalable qui doit être effectué par des experts en provenance de l’étranger. Les travaux d’installation des autres transfos se poursuivent normalement.
Etat des lieux de Gorou-Banda 1
Avant la visite des installations de la centrale solaire, le ministre Barké s’est d’abord intéressé à la centrale thermique de 100 MW de Gorou-Banda 1. Le site compte quatre (4) groupes de 20 MW chacun installés depuis 2017. Sur les 4 groupes fonctionnels, un est en panne. L’installation du 5e groupe en cours de finition est interrompue, en raison de l’évacuation des techniciens expatriés suite aux événements du 26 juillet, selon les explications fournies au ministre du Pétrole, des Mines et de l’Energie.
Pour le groupe en panne, une expertise est diligentée dans un pays ouest-africain dont les résultats sont attendus cette semaine pour remettre la machine en état de marche. Concernant le nouveau groupe dont les travaux d’installation sont interrompus, le ministre Barké a donné des instructions fermes à la Directrice générale de la Nigelec afin qu’elle prenne les dispositions nécessaires pour leur parachèvement qui pourrait se faire au bout de 4 semaines.
La mise en service rapide de ces infrastructures de production d’énergie permettra à coup sûr de réduire la durée des délestages intempestifs auxquels sont actuellement confrontés les consommateurs. Cette privation d’électricité est une sanction sauvage émanant d’un pays frère avec qui nous partageons tout ! Elle doit interpeller les autorités de la transition et celles qui prendront le relais avec le retour des civils au pouvoir, quant à l’impérieuse nécessité de faire de l’indépendance énergétique de notre pays une priorité majeure. Et dans la quête de cette souveraineté, l’accent doit être porté surtout sur les sources d’énergie propres et moins coûteux.
Lorsqu’on apprend que les trois groupes en marche à plein temps actuellement produisent 54 sur 60 MW avec une consommation de 12.000 litres de carburant/heure, soit 90 millions de francs CFA par jour rien que pour le combustible, l’option du thermique doit être définitivement abandonnée. L’énergie n’est pas un luxe, c’est la principale source de développement d’un pays.
A l’issue de la visite des différentes installations, le ministre Barké a marqué sa satisfaction devant la forte motivation des agents, pour l’essentiel des jeunes nigériens, à servir dignement leur pays. ‘’J’ai encouragé donc les responsables de la Nigelec à aller dans ce sens. Globalement, à Niamey on était à 112 MW de fourniture sur un besoin de 170. C’est pour ça que les gens ressentent plus ou moins le délestage un peu moins sévère même’’, a déclaré Barké, soulignant les directives données par le président du CNSP, le Général de brigade Tiani, concernant la gestion du secteur.
Il s’agit de la finalisation des travaux mais surtout de la suppression des délestages au niveau de certains centres hospitaliers au nombre de six (6). Parmi les sites figurent l’hôpital général de référence, l’hôpital national, l’hôpital Amirou Boubacar Diallo et la Maternité Gazobi en ce qui concerne la capitale, auxquels viennent s’ajouter l’hôpital de référence de Maradi et l’hôpital national de Zinder, selon Barké.