La souveraineté, cette essence intangible qui légitime l’existence des nations, est aujourd’hui à l’épreuve, piétinée par ceux-là mêmes qui devraient la préserver. Si on doutait encore du déclin de l’Organisation des Nations Unies, instance supposée être le parangon de la coopération et du respect mutuel, le récent événement au Niger ôte toute ambiguïté : l’ONU est en crise profonde, et c’est le monde entier qui en paie le prix.
L’expulsion de Mme Louise Aubin, Coordonnatrice des Nations Unies, décidée par le Niger, n’est pas un caprice impulsif. Elle est le symptôme nauséeux d’une ONU dévoyée, devenue le terrain de jeux des puissances égoïstes. Quelle tragédie que l’entité fondée sur les principes d’équité et de justice soit aujourd’hui le théâtre d’une mascarade diplomatique où les puissants tirent les ficelles à leur guise !
Le Niger, loin d’être un cas isolé, est la pointe de l’iceberg d’un malaise grandissant. Si Antonio Guterres, en tant que Secrétaire Général, incarne cette dérive, c’est tout un système qui semble s’être détourné de sa mission originelle. Comment accepter qu’au sein de la 78ème Assemblée générale, le représentant du Niger soit muselé, tandis que d’autres, dans des situations similaires, s’expriment librement ? Ce deux poids deux mesures est une gifle à la face de tous les Etats membres de l’ONU et plus encore à tous les peuples qu’ils représentent.
Il est ahurissant de voir une organisation mondiale se complaire dans des jeux de pouvoir bassement politiques, des intrigues dignes de cours d’école et des manipulations éhontées. Le Niger, en se dressant contre cette farce, expose la charade qu’est devenue l’ONU.
Il est impératif, pour l’avenir de la diplomatie mondiale, que l’ONU sorte de son sommeil complaisant, qu’elle se débarrasse de sa myopie diplomatique pour retrouver une once de crédibilité afin de redevenir le phare de la coopération internationale. Le Niger par ce cri d’indignation ne fait pas que défendre sa dignité et sonner l’alarme pour un monde qui a désespérément besoin d’une ONU forte et juste.