Comme vous le savez, le Premier ministre Ali MahamanLamine Zeine a donné, mercredi 1er novembre 2023, le coup d’envoi de la production du pétrole brut destiné à l’exportation. Pour cette 2e phase du projet Agadem porté par CNPC – NP S.A, il est prévu la mise en production de 113 puits de pétrole. Mais pour arriver à l’exportation proprement dite, il faudra préalablement remplir les cuves devant alimenter le pipeline, puis celles de la station terminale de Sèmé-Kpodji au Bénin, et procéder à des contrôles au niveau des huit (8) stations de pompage, six (6) au Niger et deux (2)au Bénin, pour s’assurer qu’il n’y a pas de fuite dans l’écoulement du brut. Le pipeline est actuellement en train d’être rempli, mais seulement du côté nigérien. Toutefois l’écoulement par le Niger pour la première fois de son brut sur le marché international, via le port béninois, est suspendu à l’issue de la visite à Cotonou, du 03 au 08 mars, d’une délégation composée de hauts cadres de la Douane nigérienne et de la West African Oil Pipeline Company (Wapco), le maître d’ouvrage. De sources douanières, l’objectif de la mission est de s’enquérir des modalités du lancement au Bénin des opérations du pipeline. Au Bénin, le pipeline traverse 5 départements, 17 communes et 152 villes et villages. Outre 200 emplois permanents, les observateurs estiment que le pays de Patrice Talon devrait bénéficier d’environ 490 millions de dollars (plus de 300 milliards de francs CFA) de recettes fiscales/an sur 20 ans.
Une fois le pipeline Niger – Bénin entré en service, la production pétrolière nigérienne sera portée à 110.000 barils par jour, sur lesquels 90.000 barils seront exportés. Et selon les projections officielles, le Niger produira 200.000 barils par jour à partir de 2026. Niamey estime que la commercialisation de son pétrole, dont il tirera plus du quart des recettes, pourrait représenter la moitié de ses recettes fiscales et le quart de son PIB, soit plus de 13,6 milliards de dollars, d’après les données de la Banque mondiale. Avec des réserves pétrolières estiméesautour de 2 milliards de barils, la production de pétrole devraitcroître d’année en année grâce à la construction d’une deuxième raffinerie, a indiqué le général Abdourahamane Tiani dans un entretien accordé à la radio-télévision nationale, dimanche 10 décembre 2023.
Mais les ressources issues de cette exportation du brut seront-elles utilisées dans la transparence et au service dudéveloppement du Niger ? Une chose est sûre, comme l’or, qui faisait l’objet d’un trafic, la production pétrolière du Niger, en douze (12) ans, n’a pas généré les profits socio-économiques escomptés. Cette situation s’explique, en partie, par une gestion opaque des recettes issues du pétrole. La rente pétrolière était en effet accaparée par une poignée d’individus au sommet de l’État qui la redistribuait de manière privée ou via des réseaux clientélistes. Ce qui ne favorisait point la transparence des transactions, mais incitait plutôt à l’évasion fiscale et à la corruption. Lorsque l’Opposition parlementaire avait proposé, le 23 juin 2020, la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la production, la commercialisation et la répartition des bénéfices du pétrole de 2011 à 2020, elle s’était vue opposer un refus catégorique de la part des députés godillots du PNDS – Tarayya et alliés. Aujourd’hui, à la faveur du changement de régime intervenu le 26 juillet dernier, un coin de voile semblait être levé au sujet de la gestion de la manne pétrolière. L’espoir est-il toutefois permis ?