Le dernier sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui s’est tenu le 8 juillet 2023 en Guinée-Bissau, a évoqué la création d’une force régionale d’intervention pour réagir aux coups de force dans ses pays membres. Cette proposition semble être une réponse proactive à une réalité politique inquiétante en Afrique de l’ouest : le retour des coups d’État militaires.
Cependant, le récent coup d’Etat au Niger, survenu le mercredi 26 juillet, met cette proposition à l’épreuve. Des voix s’élèvent, soutenant une intervention rapide de la CEDEAO pour renverser la junte militaire nigérienne. Mais une telle entreprise serait-elle une solution viable ou une nouvelle source de conflit ?
La démarche proposée, intervenir en cas de coup d’État, revêt un caractère farfelu et pose de sérieuses questions éthiques et pragmatiques. Une intervention extérieure de la sorte, loin de résoudre la crise politique, risquerait d’attiser les tensions et de plonger le pays dans une guerre civile.
La junte en place à Niamey, détenant une force de frappe significative, ne serait pas encline à une déposition pacifique. Et qu’en serait-il d’un régime réinstallé par la force, sans l’approbation du peuple qu’il est censé représenter ? Un tel régime, imposé par la contrainte, survivrait difficilement sur la durée, miné par un manque de légitimité aux yeux de la population.
De plus, nous devons garder à l’esprit les leçons des interventions militaires étrangères passées, telle que l’expérience américaine en Afghanistan. Les États-Unis, malgré leur puissance militaire sans égale, ont échoué dans leur tentative d’instaurer une démocratie stable dans ce pays. Cet échec doit éclairer les chefs d’État de la CEDEAO, qui doivent comprendre que la démocratie ne peut être exportée ou imposée par la force.
En outre, bon nombre de ces dirigeants sont eux-mêmes mal élus, ce qui mine leur propre légitimité. Leur capacité à intervenir efficacement dans une telle crise est donc sérieusement mise en doute, d’autant plus que les moyens militaires et logistiques de la CEDEAO restent très limités.
Plutôt que d’opter pour une intervention militaire au Niger, peut-être serait-il plus judicieux pour la CEDEAO de se concentrer sur la promotion d’un dialogue inclusif, en mettant l’accent sur le respect des principes démocratiques, des droits de l’homme et de l’État de droit. La solution à la crise actuelle réside sans doute davantage dans la diplomatie et le dialogue que dans les canons et les chars d’assaut.