Dans le Sahel, le bruit des bottes militaires résonne avec une intensité croissante, signalant un glissement inquiétant vers des régimes autoritaires. Les récents coups d’État dans la Confédération des États du Sahel, loin d’être des parenthèses transitoires, semblent s’inscrire dans une dynamique de pérennisation au pouvoir, bafouant les principes démocratiques.
À première vue, l’intervention de l’armée, présentée comme un remède nécessaire au chaos sécuritaire et politique, a pu paraître justifiable. Pourtant, cette justification s’effrite rapidement lorsqu’on observe la trajectoire suivie par ces régimes militaires. Loin de préparer le terrain pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, ces hommes en uniforme s’incrustent dans les fauteuils du pouvoir, renversant le cours de la démocratie et piétinant les aspirations populaires à la démocratie.
La promesse d’un retour à un régime civil, après une période de transition, se dissout dans un flou stratégique. Les exemples, tels que celui de Mahmat Idriss Deby Itno au Tchad, ne font que confirmer cette tendance à ‘’l’autocratisation’’. Ces prétoriens, une fois au pouvoir, semblent oublier leurs engagements et se muent en usurpateurs, trahissant la confiance de ceux qu’ils prétendent protéger.
L’argument, souvent avancé, selon lequel les militaires seraient aussi compétents que les civils pour gouverner, est un leurre dangereux. L’aptitude à mener une armée ne se traduit pas nécessairement par une capacité à diriger un pays. La politique, au-delà de la gestion de l’ordre, exige une compréhension fine des mécanismes sociaux, économiques et culturels, une appréhension de la complexité humaine que la rigueur militaire ne saurait embrasser.
De plus, l’isolement progressif des États du Sahel de structures régionales telles que la CEDEAO, sous prétexte d’inadéquation des règles, n’est qu’une stratégie de diversion. En réalité, il s’agit d’une manœuvre pour consolider un pouvoir non démocratique, en dehors de toute surveillance extérieure.
En conclusion, la Confédération des États du Sahel, sous l’égide des militaires, s’engage sur une voie périlleuse. Les coups d’État, loin d’être des solutions, s’avèrent être des obstacles à l’épanouissement des peuples. Les prétoriens du Niger, du Burkina Faso et du Mali, sous couvert de stabilisation, s’engagent dans une voie qui risque de mener à une impasse démocratique, où les droits des citoyens sont relégués au second plan, éclipsés par les ambitions d’une poignée d’hommes en armes. Il est impératif de renouer avec les principes démocratiques et de rétablir les civils aux commandes, pour éviter un naufrage politique et social dont les répercussions pourraient être désastreuses. La démocratie ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de la stabilité précaire et de la sécurité illusoire offertes par des régimes militaires.