C’est sous le slogan « Niger, terre d’accueil et d’opportunités » que notre pays a organisé à Paris, les 5 et 6 décembre 2022, une table ronde des investisseurs et des partenaires au développement sur le financement du Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2022-2026 dont le coût est évalué à 19.427,6 milliards de francs CFA, dont 8.757 milliards attendus de l’Etat du Niger (45%), 6 742,3 milliards des PTF (35%) et 3.928,3 milliards attendus du secteur privé nigérien et étranger (20%).
Ce PDES se veut le document de référence du Niger en matière d’intervention dans les domaines socioéconomique, culturel et environnemental. Il ambitionne de réaliser un taux de croissance économique annuel moyen de 9,3%, un taux d’inflation inférieur à 3% et un déficit budgétaire global contenu à moins de 3%. Il a pour objectif aussi de réduire le taux de pauvreté de 43% en 2022 à 35% en 2026 et s’appuie sur trois principales priorités que sont le développement du capital humain, l’inclusion et la solidarité ; la consolidation de la gouvernance, de la paix et de la solidarité et la transformation structurelle de l’économie. Mais le PDES 2022-2026 intervient dans un contexte économique et financier difficile au plan national sur fond de défis de mobilisation des ressources internes. Au nombre de ces défis, le faible taux de pression fiscale qui tourne autour de 10,8% du PIB en 2023. Ce taux ressortirait à 11,9% en 2024, pour se maintenir à 11,7% du PIB en moyenne sur la période 2024 – 2026, largement inférieur à la moyenne des pays membres de l’UEMOA (14,9%). Avec de tels taux de pression fiscale, le Gouvernement aura du mal à atteindre les objectifs du PDES 2022 – 2026. D’ores et déjà, la première année de mise en œuvre de ce PDES fait ressortir un niveau de réalisation de ressources intérieures de 970,1 milliards de francs CFA en 2022 contre une prévision de 1.131,9 milliards de francs, soit un gap de 161,9 milliards de francs. 2023 connaîtrait également un gap de 40,4 milliards de francs. En effet, les projections de la loi des finances tablent sur 1.480,7 milliards de francs de ressources intérieures contre 1.512,1 milliards attendus. Si cette tendance baissière se maintenait, il est fort à craindre que les cibles du PDES 2022 – 2026 concernant la mobilisation des ressources intérieures pour sa mise en œuvre ne soient atteintes. C’est dire que le Gouvernement devrait revoir sa politique de mobilisation des ressources internes. Un accent particulier devrait être mis sur les exonérations fiscales qui tirent les finances publiques vers le bas. De janvier à septembre 2022, la Douane avait accordé des exonérations d’un montant de 242,84 milliards de francs CFA, plus que le cash mobilisé sur la même période. Il est difficile dans une telle situation de voir les PTF mettre beaucoup d’argent sur la table du PDES 2022 – 2026.