Le triangle dramatique développé par le psychologue américain Stephen Karpman représente « un modèle social d’interactions humaines » dans lequel trois rôles s’affichent : La victime (celui qui se sent persécuté), le sauveteur (celui qui vient en aide) et le persécuteur (celui qui s’en prend à la victime). Ce schéma correspond parfaitement aux relations entre les pays francophones d’Afrique, la France et certains pays tels que la Russie, la Chine ou la Turquie. Tout naturellement, les ex colonies de la France jouent ici le rôle des victimes, la France incarne la persécutrice, la Russie, la Chine et la Turquie sont les sauveurs. Le sentiment anti-français qui s’est emparé de la quasi-totalité des anciennes possessions territoriales de Paris n’est pas un fait du hasard.
a France tente d’atténuer le désamour grandissant entre elle et l’Afrique. De Bangui à Ouagadougou en passant par Dakar, Niamey et Cotonou, la jeunesse exige une réévaluation des relations entre l’Afrique et Paris. En visite le 25 août 2022 en Algérie, Emmanuel Macron est revenu sur le sentiment anti-français qui progresse sur le continent : « Soyons clairs. Beaucoup des activistes de l’islam politique ont un ennemi : la France. Beaucoup des réseaux qui sont poussés en sous-main, qui par la Turquie, qui par la Russie, qui par la Chine, ont un ennemi : la France. (…) Il y a un ennemi, c’est la France. Ça met tout le monde d’accord, c’est trop facile », a-t-il dit. Parallèlement à ce déplacement à Alger, le locataire de l’Élysée a abordé le même sujet dans les colonnes de Jeune Afrique : « Il ne faut pas être naïf : beaucoup de ceux qui donnent de la voix, qui font des vidéos, qui sont présents dans les médias francophones sont stipendiés par la Russie ou la Turquie », selon le président français. Contrairement à ce que veut faire croire Emmanuel Macron, la jeunesse africaine n’a pas eu besoin de Moscou, Pékin ou Ankara pour se réveiller et dénoncer les rapports paternalistes d’une France au lourd passé colonial. L’Afrique veut briser le triangle de Karpman.