L’épisode du coup d’Etat du 26 juillet 2023 contre Bazoum Mohamed a ceci de salvateur en ce qu’il aura permis de faire découvrir à la face du monde des Nigériens d’un autre genre qu’ils n’ont jamais imaginé. Sinon qui pouvait croire que le trio Massoudou Hassoumi, ministre des Affaires Etrangères, Mahamadou Ouhoumoudou, le Premier ministre et Alkache Alhada, ministre du Commerce mais ex ministre de l’Intérieur limogé par Bazoum pour son incompétence notoire révélée à la suite du drame de Téra, allaient souhaiter le pire pour leur pays ? Le point commun à ses trois personnages, désormais déversés dans les poubelles de l’histoire est qu’ils s’étaient tous exprimés sur leurs médias préférés à savoir RFI et France 24. Ces trois exilés ont montré à la face du monde le plus haut degré de décrépitude morale et d’antipatriotisme. Les Nigériens ont fini par connaître les « Renaissants » pour leur cynisme mais ils n’ont jamais pu imaginer que ces derniers pouvaient à l’unisson appeler des puissances extérieures à bombarder leur pays, à le priver de tout y compris des médicaments et d’électricité juste pour que le président déchu Mohamed Bazoum soit réinstallé dans son fauteuil perdu. Le tout premier à s’exprimer était Ouhoumoudou en tant que Premier ministre suite à l’annonce des sanctions financières décidées par la Cedeao à l’encontre du Niger. Il s’était sans vergogne estimé « très satisfait” parce que disait-il « c’est un coup d’État gratuit, basé sur aucun élément.”
Massoudou et Alkache, eux qui étaient sur place à Niamey pendant le coup d’Etat plaidaient l’intervention militaire au palais d’abord pour réinstaller Bazoum sur son fauteuil et traitaient au passage les militaires putschistes de tous les noms d’oiseaux. Le premier qui s’était présenté comme le chef de gouvernement par intérim a poussé son cynisme jusqu’à donner une autorisation à une puissance étrangère pour bombarder le palais. Les Nigériens qui les ont pris pour des renaissants courageux et téméraires ont été pris de fou rire quand ils ont appris que les deux zozos ont pris la clef des champs pour se mettre à l’abri au Nigéria. C’était donc que de la pure lâcheté : les trois « guristes » réclament un bombardement de la capitale Niamey et ils foutent le camp pour y échapper ? Ce qu’on peut qualifier de stade suprême du cynisme et de la lâcheté. Massoudou qui a pu échapper à la colère des jeunes de Niamey remontés par ses sorties intempestives grâce à la complicité de faux patriotes, continue de traiter les militaires de tous les noms d’oiseaux. Mais il est plus que certain qu’il ne mettra pas les pieds de sitôt au Niger. Ce personnage ose même parler de pogroms dans un journal italien pour qualifier la situation prévalant à Niamey. Il semblerait que le motif de la révolte des trois « renaissants » est que la démocratie a été violée et que le président ‘’démocratiquement élu’’ a été renversé.
Mais de quelle démocratie parlent-ils ? Apparemment ils n’ont pas la même lecture de la démocratie que les Nigériens qui sortent massivement depuis le renversement des ‘’guristes’’ pour apporter un soutien massif au CNSP. Pourtant, s’ils s’intéressaient un tant soit peu au bilan de nos systèmes démocratiques, ils auraient su que, dans son essai « Le mirage démocratique », le Communiquant Vincent Hugeux, grand connaisseur des systèmes politiques de nos pays africains francophones reconnaît que « L’élection ne fait pas la démocratie, laquelle suppose un système éducatif efficace, une justice indépen- dante, une administration impartiale, une presse libre, le respect du droit des minorités et un minimum de sécurité, physique comme alimentaire. » Il avait même prévenu : « Quand le ventre est vide, l’urne sonne creux ». Ce qui est le cas de nos pays qui occupent les derniers rangs en termes de développement humain. Par rapport à l’inadéquation du système lui-même, le penseur et éminent Philosophe Achille Mbembe, quant à lui, a estimé que : « pour leur part, les intellectuels n’ont pas réussi à dépasser le chaos, se contentant d’un saupoudrage étonnant : la démocratie est mise en pratique sans pensée démocratique. Le vote, souvent acheté en contrepartie de libéralités en argent ou en nature, se révèle comme le moyen efficace pour conquérir une position prébendière, offrant de nouvelles opportunités de pratiques prédatrices, et qui n’auraient pas été automati- quement obtenue par le scrutin aléatoire. » « les simulacres électoraux auxquels on assiste suffisent à relativiser la démocratisation réelle du continent africain…Ni le fichier électoral fantaisiste, ni la Commission électorale prétendument “indépendante” mais gravement vassalisée, ni le recours massif, par le sortant, à l’appareil étatique et à ses instruments, ni le harcèlement policier des opposants, ni la fraude, souvent grossière, ni la violence, parfois meurtrière. Ni bien sûr, les verdicts alambiqués de “missions d’observations” frileuses qui se bornent pour la plupart à observer un silence gêné et complice. » Tout est dit.
La CEDEAO et le syndicat des chefs d’Etat qui l’animent attendent toujours que les coups d’Etat surviennent dans les pays pour chercher à rétablir les pouvoirs d échus en invoquant l’article du protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance. Tout le long des mandats des présidents élus, ils font la sourde oreille sur les complaintes des peuples sur les manquements des chefs d’Etat à leurs obligations en matière de bonne gouvernance et de respect de l’Etat de droit et la lutte contre la pauvreté spécifiée dans le même protocole. Ouhoumoudou, Massoudou et Alkache étaient où quand le Niger était régulièrement classé dernier au classement IDH du PNUD ? Ils étaient où quand des centaines voire des milliers de Nigériens tombaient sous les balles des prétendus djihadistes dont on sait à présent par qui ils sont instrumentalisés ? Où étaient ces trois zozos quand notre pays déversait des mendiants par centaines dans les pays voisins et même lointains au point de les indisposer ?
Où étaient nos cyniques politiciens quand les Nigériens étaient dans le noir ? Qu’ont fait nos fuyards quand l’école était laissée à l’abandon comme nos centres de santé ? Ne voient-ils pas les villas futuristes pousser à Niamey pendant que les hordes de mendiants envahissent les rues de la capitale ? Massoudou ne dira pas qu’il ignore des rails posés à même le sol sans aucune étude préalable qui nous ont coûté des centaines de milliards ?
Nous conseillons à nos trois lascars de se planquer et de cesser de faire du bruit parce qu’ils savent très bien que la démocratie est loin de se limiter aux seules élections tronquées devenues une affaire de voleurs de la République. Au fait où est passé le président de la CENI ?