« On n’organise pas des élections pour les perdre », disait le président Omar Bongo, qui a régné sur le Gabon pendant 42 ans. Mais au Niger, le parti au pouvoir, le PNDS – Tarayya, a bel et bien perdu les élections législatives partielles du 18 juin 2023 pour élire les cinq (5) députés représentant les Nigériens de l’extérieur qui n’avaient pu être désignés en décembre 2020. Selon les résultats globaux provisoires proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le PNDS – Tarayya a obtenu 2 sièges (contre 3 dans l’ancienne législature), le Moden – FA Lumana 2 sièges et le MNSD – Nassara gagne 1 siège. Ces résultats sont aussitôt transmis à la Cour constitutionnelle qui est la juridiction compétente en matière électorale.
Elle contrôle la régularité, la transparence et la sincérité du référendum, des élections présidentielles et législatives. Elle est juge du contentieux électoral et proclame les résultats définitifs des élections », dit la Constitution en son article 120, alinéa 4. Alors qu’il espérait rafler quatre) sièges, sinon la totalité des sièges en jeu, le PNDS – Tarayya doit se contenter de deux (2) petits postes de député de la 9e région du pays. La logistique de fraude et les moyens financiers considérables déployés n’ont pas suffi à assurer au parti présidentiel une victoire. Au contraire, il a subi une défaite électorale qui laisse des traces dans le parti. Pour le seul Cameroun, où on compte moins d’électeurs qu’en Côte d’Ivoire, au Nigeria ou au Ghana, ce sont des dizaines de millions de F CFA qui ont été mobilisés par le PNDS. Au pays de Paul Biya, des cartes d’électeurs de militants Lumana ont été bloqués et l’administration diplomatique et consulaire mise à contribution. Autre pays, autre déception : le Nigeria. Dans ce pays, outre l’argent mobilisé par le PNDS, Dahiru Mangal, le sulfureux homme d’affaires proche de l’ancien président Issoufou Mahamadou, a également déployé d’importants moyens financiers pour la cause de ses amis roses. A l’annonce des résultats du Nigeria, un député PNDS proche de Mangal parlera de trahison.
Avec cet échec électoral, le premier en douze ans d’exercice du pouvoir d’Etat, on pleurniche au PNDS – Tarayya. Les uns et les autres se rejettent la responsabilité. Mais les responsables du parti ne veulent pas assumer les conséquences de leur inconséquence, c’est-à-dire le rejet de leur gestion chaotique des affaires publiques du pays. En mauvais perdant, le PNDS s’est tourné vers la Cour constitutionnelle où il a déposé deux (2) recours contre des résultats de vote du Nigeria. Si ces résultats étaient annulés, cela impacterait-il la répartition des cinq sièges de député de la diaspora ? Le parti rose ne réfléchit-il pas de manière politique rationnelle pour se dire qu’il pouvait perdre une élection ? Quoi qu’il en soit, le PNDS – Tarayya doit revenir sur terre et faire sa propre introspection afin de mieux gérer sa défaite électorale. Il doit se dire qu’il est aujourd’hui en train d’être vomi par le peuple nigérien. Depuis son arrivée au pouvoir, en 2011, avec la bénédiction du général Salou Djibo, ce parti n’a en vérité jamais remporté une élection à la régulière.