En Afrique Centrale, une coopération vieille de plus de 20 ans risque de se terminer en queue de poisson. Créée le 30 novembre 1999, la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUC) s’est muée en Mission de l’ONU en République du Congo (MONUSCO) le 1er juillet 2010. Alors ravagée par une guerre civile, la RDC est devenue le plus grand théâtre d’intervention de toute l’histoire de l’ONU avec quelque 18.000 hommes et un budget annuel qui frôle le milliard de dollars américains. Deux décennies plus tard, la MONUSCO est critiquée pour son inefficacité. Plus grave, des violences ont eu lieu à l’Est du Congo entre l’entité onusienne et des manifestants vent debout contre la présence des casques bleus sur leur sol.
En une semaine, Le bilan officiel des manifestations anti-MONUSCO s’élève à 36 morts dont 4 casques bleus. Ébranlé par ces faits, le président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi, a fait part de « sa totale désapprobation du comportement des casques bleus à la base de ces incidents et de la nécessité de s’assurer que les coupables soient sévèrement sanctionnés. » Alors que les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) multiplient leurs exactions contre les populations civiles, le gouvernement congolais a demandé la réévaluation du calendrier du retrait progressif de la mission onusienne. En d’autres termes, Kinshasa veut hâter le départ des casques bleus de son territoire. Au-delà de la RDC, l’utilité de la force onusienne est sujette à caution dans bien d’endroits où elle a été déployée à travers le monde. « Si de rares succès en Sierra-Leone ou au Liberia ont quelque peu éclairci son bilan, l’ONU s’est montrée globalement incapable de résoudre les conflits qui ont secoué l’Afrique depuis la fin de la Guerre froide », fait remarquer Thomas Dietrich, romancier et haut fonctionnaire français. Au Mali voisin, les « soldats de la paix’’ insupportent de plus en plus certaines populations du Nord. Il est évident que l’ONU doit revoir le fonctionnement de ses troupes singulièrement en Afrique.