La spirale inflationniste qui touche les denrées de base comme le riz ou les céréales au Niger, dans un contexte déjà marqué par des difficultés socio-économiques majeures, met en exergue l’impact palpable des sanctions économiques décrétées par la CEDEAO. Cette situation, exacerbée par les coupures d’électricité qui s’intensifient, ainsi que par l’immobilisation de conteneurs remplis de produits nutritionnels essentiels à la frontière béninoise, met à nu la vulnérabilité des populations.
Ces sanctions, décidées en riposte au putsch orchestré le 26 juillet par le conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), visent manifestement à contrer les agissements antidémocratiques des putschistes. Toutefois, elles se révèlent particulièrement lourdes pour l’un des pays les plus démunis de la planète. Bien que la CEDEAO ait éprouvé le besoin d’affirmer son autorité et de protéger les principes démocratiques en Afrique de l’Ouest, la question de la pertinence et de l’efficacité de telles mesures punitives dans ce contexte est légitimement posée.
Il est à noter que, face à une situation similaire à Bamako, la CEDEAO avait opté pour une approche plus diplomatique, engagée durant des mois des négociations. En revanche, face à la situation au Niger, l’organisation régionale a manifesté une réactivité et une sévérité sans précédent. Ainsi, alors que traditionnellement les produits de première nécessité étaient préservés des embargos, cette fois-ci, ils n’ont pas été épargnés, tout comme la fourniture d’électricité, une ressource essentielle importée notamment du Nigeria.
Cette intransigeance s’observe dans un contexte où le Niger est déjà plongé dans une mosaïque de crises, qu’elles soient économiques ou sécuritaires. Avec plus de trois millions de ses citoyens confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, la situation devient de plus en plus intenable.
Il est donc impératif que les sanctions, dans leur essence, demeurent ciblées, justifiables sur le plan juridique et proportionnées. Sinon, elles risquent de devenir, malgré elles, une “arme de la faim”, exacerbant une situation humanitaire déjà désastreuse, et ce, à l’opposé des intentions initiales de la CEDEAO. Une réflexion profonde est donc nécessaire pour garantir que les actions entreprises ne nuisent pas davantage à ceux qui souffrent déjà.