La Société de Raffinage de Zinder (SORAZ) produit actuellement 20.000 barils par jour dont les principaux produits sont l’essence, le gasoil et le Gaz du Pétrole Liquéfié (GPL). Cette production est répartie équitablement entre ses deux principaux actionnaires que sont l’Etat du Niger et la China National Petroleum Corporation (CNPC). La part du Niger, commercialisée par la SONIDEP, couvre les besoins en carburant du pays estimé à 7.000 barils par jour, et le reste est vendu à l’étranger. Mais ces besoins internes sont aujourd’hui largement dépassés alors que la production d’essence, elle, est insuffisante. Ce qui place le Gouvernement face à un choix cornélien.
Hausse du prix de l’essence ou subvention sur ce produit ?
La production actuelle de la SORAZ ne suffit pas à couvrir la consommation nationale en essence. Cette dernière a explosé principalement à Niamey. La raffinerie de Zinder serait-elle défaillante ? Il faut dire que dès le départ, la consommation intérieure a été sous-estimée, avec le carburant venu du Nigeria qui inondait une bonne partie du territoire national. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. En effet, les prix à la pompe ont quasiment triplé dans les stations-services du Nigeria depuis l’annonce du nouveau président Bola Ahmed Tinubu de mettre fin aux subventions sur le carburant. Le litre d’essence qui était à 197 nairas (262 francs CFA) revient actuellement à 540 nairas (722 francs CFA). La fin de ces subventions a entrainé une réduction, voire une élimination du trafic de carburant entre le Nigeria et ses voisins à cause du gap au niveau des prix. Avec la production de la SORAZ qui ne suffit pas à couvrir entièrement la consommation nationale, la SONIDEP va-t-elle importer de l’essence ? Si oui, va-t-elle proposer au Gouvernement un rehaussement du prix à la pompe ? Ou bien va-t-elle subventionner ce carburant ? Les deux alternatives seraient actuellement en étude.
Une augmentation du prix de l’essence à la pompe va induire ceux des transports et des produits qui en dépendent. Les gens vont devoir se rendre au travail à pied. C’est le peuple qui va en faire les frais, déjà confronté à une cherté de la vie. Mais le Gouvernement ne va-t-il pas se préoccuper de la paix sociale ? En ce qui concerne les subventions sur le carburant, la Banque mondiale et le FMI n’y sont pas favorables. Ils ont toujours poussé à leur suppression par les Etats qui les pratiquaient. Ces subventions, qui ne pouvaient qu’être très populaires auprès de la population, vont siphonner chaque année des milliards de francs CFA des caisses publiques, qui pourraient être dépensés dans des secteurs prioritaires en déliquescence comme la santé et l’éducation. Ce système pourrait également favoriser des détournements de fonds.
Le pipeline Niger – Bénin
La mise en service de l’oléoduc d’export, annoncée pour octobre prochain, saura-t-elle répondre à la croissance de la demande intérieure de carburant ? « Lorsque l’oléoduc sera achevé, notre production passera à 110.000 barils par jour. 20 000 barils seront toujours raffinés localement, et 90.000 barils seront acheminés par l’oléoduc jusqu’au Bénin », avait indiqué le Ministre du Pétrole, Mahamane Sani Mahamadou. On n’est donc pas sorti de l’auberge. Le Niger devrait avoir un œil sur la production pétrolière. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, l’Etat ne disposant pas des capacités opérationnelles nécessaires et suffisantes. « La question du suivi et du contrôle est une problématique qui concerne aussi la réalisation des investissements avant d’arriver à la production », a reconnu le Ministre du Pétrole.