La question de la levée ou non de l’immunité de l’ancien président Mohamed Bazoum transcende les simples machinations politiques pour toucher au cœur même des principes de justice et de droit. La Cour d’État, face à deux (2)requêtes aux fins de cette levée d’immunité, se trouve à l’intersection entre la préservation de l’ordre juridique et les manœuvres politiques, mettant en lumière la tension toujours présente entre la loi et la politique.
Le rejet de la première requête par la Cour d’État est un rappel vigoureux que, dans un État de droit, le processus judiciaire ne doit être ni un outil de vengeance, ni un instrument de lutte politique. Comme l’a justement observé Montesquieu, « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. » En ce sens, le rôle de la Cour n’est pas de valider les revendications du pouvoir en place, mais de garantir que toute action judiciaire repose sur des fondements légaux solides.
Concernant la deuxième requête, la Cour semble avoir trouvé des motifs juridiques pour sa recevabilité. Néanmoins, il est primordial que la justice reste aveugle aux jeux de pouvoir, s’appuyant exclusivement sur les faits, les preuves et le droit. Cela est d’autant plus crucial qu’en ces moments les plus turbulents, la loi doit rester le phare qui guide la justice.
En fin de compte, la décision de la Cour d’État, attendue le 10 mai, sera un jalon dans l’histoire judiciaire du Niger, mais plus encore, elle sera un baromètre de l’état de santé de l’Etat de droit au Niger. Si Bazoum doit être poursuivi, cela devrait se faire dans les strictes limites de la loi et rien d’autre. Selon Solon, le législateur athénien, « Les lois sont pareilles aux toiles d’araignée ; elles attrapent les petits insectes et laissent passer les gros. » La question est donc de savoir si la justice nigérienne saura éviter cet écueil et maintenir l’équilibre fragile entre la loi, la politique et la justice.