Le Niger se trouve dans une situation politique délicate. Au cœur de cette crise se trouve l’ex-président Mohamed Bazoum, retenu au palais présidentiel depuis près de six (6) mois. Sa libération engagée sur un terrain complexe, est actuellement en jeu dans les négociations entre la junte militaire dirigée par le général Abdourahamane Tchiani et la CEDEAO, menées par le président togolais, Faure Gnassingbé.
Les exigences du CNSP
Les militaires, qui détiennent le pouvoir depuis le putsch du 26 juillet 2023, ont clairement exprimé leurs conditions pour la libération de Bazoum Mohamed. Ils insistent sur le fait que Bazoum, qui refuse de démissionner jusqu’ici, ne doit pas se proclamer président une fois libéré. Cette condition soulève des inquiétudes, notamment en raison du potentiel soutien de plusieurs capitales de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’autres pays de la communauté internationale en faveur de Bazoum.
La réaction de Niamey et de la CEDEAO
Face à ces exigences, Niamey cherche des garanties auprès de la CEDEAO pour éviter que Bazoum ne soit reconnu comme président légitime du Niger. La participation au sommet de la CEDEAO à Abuja le 10 décembre 2023 des dignitaires du régime déchu comme l’ex ministre des Affaires étrangères de Bazoum, Hassoumi Massaoudou, avait déjà provoqué une irritation notable du pouvoir en place.
Le dilemme du lieu de résidence de Bazoum
Un autre point de discorde concerne le lieu de résidence de Bazoum après sa libération. La junte souhaite qu’il reste au Niger, craignant qu’il ne dirige une opposition contre les autorités de transition depuis un autre pays. À l’inverse, la CEDEAO semble préférer que Bazoum ait la liberté de quitter Niamey, en prenant exemple sur l’ancien président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, renversé en 2022, et qui se fait très discret. Installé à Ouagadougou, il se rend régulièrement dans les capitales voisines en séjour privé.
Les pourparlers en progression
Des négociations supplémentaires sont prévues, avec l’espoir d’une probable libération de Bazoum d’ici mars. En signe de bonne volonté, la junte a libéré son fils, Salem Bazoum, le 8 janvier 2024. Cette décision fait suite à une mission de médiation menée par le Togo, avec la participation active du ministre des Affaires étrangères togolais, Robert Dussey, et de son homologue sierra-léonais, Timothy Musa Kabba.
La libération de Salem Bazoum est un signe encourageant, mais la route vers une résolution pacifique de la crise politique au Niger reste longue et incertaine. La communauté internationale, en particulier la CEDEAO, joue un rôle essentiel dans la facilitation de ce processus. Il est crucial que toutes les parties impliquées œuvrent dans un esprit de dialogue, de respect mutuel et de compromis afin partant d’aboutir à la levée des sanctions économiques, financières et commerciales imposées au Niger au lendemain du coup de force du 26 juillet 2023 et pour la réussite d’une transition apaisée dans notre pays.