L’épisode de la libération de Salem Mohamed Bazoum, survenu le 8 janvier 2024, est une farce judiciaire, illustrant une dérive autoritaire alarmante. L’inculpation pour complot contre l’État, suivie d’une libération précipitée et de son départ immédiat pour le Togo, n’est rien de moins qu’un simulacre de justice, une insulte flagrante à l’État de droit.
Ce spectacle, orchestré par le CNSP, n’est pas seulement une manipulation politique grossière ; c’est une démonstration cynique du mépris total pour les principes juridiques fondamentaux. En utilisant le tribunal militaire comme un outil de régulation politique, la junte militaire bafoue l’indépendance de la justice, érode la confiance du peuple dans ses institutions.
Plus grave encore, cet acte n’est pas un incident isolé, mais un symptôme d’un régime prétorien où la justice est dévoyée pour servir des intérêts politiques étroits. Le message est clair : sous le CNSP, la loi est flexible, soumise aux caprices du pouvoir. La libération de Salem Bazoum, loin d’être une décision judiciaire équilibrée, est une manœuvre politique, camouflée sous le voile d’une pseudo-légalité qui démontre une dégradation inquiétante de l’État de droit.
Dans ce contexte, parler de justice au Niger devient une ironie cruelle. L’implication des forces politiques dans une affaire judiciaire aussi sensible révèle une dangereuse politisation de la justice, qui transforme les tribunaux en marionnettes du pouvoir. Cette instrumentalisation de la justice, sous couvert de légalité, est une attaque frontale contre les principes démocratiques et un pas de plus vers l’autoritarisme.
La libération de Salem Bazoum dans ces conditions, c’est un coup porté à l’ensemble du système judiciaire nigérien. Elle met en lumière une réalité sombre : au Niger, sous le CNSP, la justice est une ombre, un théâtre où les acteurs politiques jouent selon leurs désirs, sans égard pour la loi ou l’équité. C’est une preuve que le Niger, sous la gouverne du CNSP, s’éloigne de l’idéal d’un État où règne la loi, la loi du plus fort. C’est un avertissement sinistre pour l’avenir du pays, un signe que le chemin vers un véritable État de droit est encore semé d’embûches et de détours pervers.