Au PNDS, avec l’esprit estudiantin des années 1970 et 1980 chevillé au corps, on se croit suffisant, ce qui leur joue souvent de sales tours. Mais pouvait-il en être autrement quand on n’a pas le sens de l’Etat ?
Lors de l’entretien qu’il a accordé à Jeune Afrique ce 26 mai, à la question de savoir s’il pouvait donner satisfaction aux Nigériens qui l’attendent beaucoup sur le terrain de la lutte contre la corruption, le Président Mohamed Bazoum a répondu : « Il y a en ce moment une quarantaine de hauts responsables en prison pour de présumés délits de ce type, alors qu’il n’y en a jamais eu plus de cinq en même temps dans l’histoire de ce pays… » Par cette réponse, le Chef de l’Etat avoue qu’il y a plus de détourneurs présumés de deniers publics sous leur régime que sous les autres. Dans un autre entretien accordé à un média britannique il y a quelques jours auparavant, le même Mohamed Bazoum avait reconnu que 80% des personnes inquiétées pour des faits de corruption seraient de son parti. Et lorsque Bazoum parle de « hauts responsables en prison », il faut relativiser de tels propos. En effet, en dehors de l’ancien ministre MPR-Jamhuriya Mahamadou Zada, la plupart des personnes alpaguées sont du menu fretin. Depuis que le PNDS – Tarayya est arrivé au pouvoir, en 2011, et ce jusqu’à ce jour, aucun cacique de ce parti n’a été inquiété pour des faits présumés de corruption ou d’enrichissement illicite. Pourtant ce n’est pas ce qui manquerait. Si Bazoum à une « conscience aiguë du fait que la corruption et l’impunité constituent les plus grands facteurs de déstabilisation de nos institutions », il n’aurait malheureusement pas entre ses mains la « télécommande » de la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Une simple instruction venue d’ailleurs pouvait mettre un terme à une enquête administrative de l’Inspection générale d’Etat ou de l’inspection générale des finances dans une affaire de mauvaise gestion de deniers publics. Sous le régime actuel de la Renaissance, l’impunité est la règle, la lutte contre la corruption et les infractions assimilées étant loin d’être une réalité. Les quelques rares dossiers ficelés attendent toujours d’être jugés, prenant de la poussière au Pôle judiciaire spécialisé en matière économique et financière du Tribunal de Niamey où les juges, faute de dossiers à juger, se retrouvent à juger des affaires de droit commun (aux assises criminelles par exemple avec des affaires de vol, de viol, d’incendie, etc.). Le dossier dit « Ibou Karadjé », cette affaire de détournement de deniers publics portant sur 8.223.422.200 francs CFA, dont l’instruction judiciaire a été clôturée il y a un (1) an déjà, n’est toujours pas jugé. Un dossier de DDP à la Présidence de la République qu’on ne voulait pas prendre dans sa globalité et le gérer comme tel. Par ailleurs, le président Mohamed Bazoum feint d’ignorer que dans l’histoire de ce pays, aucun régime n’a combattu avec plus de détermination les détournements de deniers publics que celui du président Seyni Kountché pour qui les biens publics sont sacrés. Sous son règne, une opération ‘’mains propres’’ avait épinglé plusieurs hauts fonctionnaires (plus de « cinq » que nous ne citons pas par respect à leurs familles), qui ont été jugés et leurs biens immobiliers confisqués au profit de l’Etat. Ce qui ne s’est pas vu sous le régime actuel, et il y a peu de chance que cela arrive avec Mohamed Bazoum. Les Nigériens vont continuer donc à s’interroger sur la capacité réelle du Chef de l’Etat à mener une croisade contre la corruption et la délinquance financière qu’il avait lui-même promise’’.