Le 2 avril 2021, lors de son discours d’investiture, Bazoum Mohamed avait fait une promesse solennelle à ses concitoyens : lutter sans relâche contre la corruption qui gangrène le pays. Deux ans plus tard, force est de constater que les résultats sont loin d’être à la hauteur des attentes. Trois échecs majeurs marquent le bilan de cette lutte anti-corruption.
Tout d’abord, le premier échec réside dans l’incapacité du président à donner l’élan escompté dans cette lutte. Les Nigériens attendaient un changement radical, mais les clans au pouvoir semblent malheureusement avoir porté un coup sévère à cette ambition. Bazoum Mohamed s’est retrouvé contraint de mettre sa lutte anti-corruption en veilleuse, semblant céder ainsi aux pressions exercées par les différentes factions au pouvoir.
Le deuxième échec est l’impuissance du président face à l’ampleur du problème. Réduit aujourd’hui à un rôle de simple spectateur, il assiste impuissant à la propagation de la corruption à tous les niveaux de l’État. Du sommet de la pyramide administrative jusqu’aux échelons les plus bas, la corruption continue de miner l’intégrité des institutions et de compromettre le développement du pays.
Le troisième échec concerne la confiance des Nigériens envers le président. Leur doute reste entier quant à sa capacité à surmonter les difficultés auxquelles il fait face pour lutter efficacement contre la corruption. La population, désabusée, se questionne sur la volonté réelle de Bazoum Mohamed à agir contre ce fléau qui sape l’économie et met en péril l’Etat de droit et la démocratie. L’absence de résultats tangibles dans la lutte contre la corruption a contribué à creuser un fossé entre les attentes des citoyens et les actions menées par l’Exécutif
Il est donc crucial pour Bazoum Mohamed de redoubler d’efforts, de faire preuve de fermeté et de détermination et d’adopter une stratégie plus efficace pour inverser la tendance et regagner la confiance de la population. Pour ce faire, il doit engager des réformes institutionnelles audacieuses visant à renforcer l’indépendance et l’autonomie des organes de lutte contre la corruption et de la justice. De plus, des mécanismes de transparence et de reddition de comptes devraient être instaurés afin de permettre un suivi rigoureux de l’utilisation des fonds publics et de l’attribution des marchés publics. Enfin, il est important d’investir dans l’éducation et la sensibilisation des citoyens aux méfaits de la corruption et aux valeurs d’intégrité et de responsabilité. Les Nigériens méritent un avenir meilleur, et cela ne pourra être réalisé qu’à travers une gouvernance intègre, transparente et responsable.