La faible mobilisation observée ce mercredi 17 avril 2024 à Dosso pour le départ des troupes américaines du Niger offre une leçon cruciale pour le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), qui dirige le pays depuis le coup d’État du 26 juillet 2023. Ce contraste frappant avec les manifestations massives à Niamey soulève des questions essentielles sur la légitimité et l’acceptation de la junte au pouvoir, ainsi que sur la cohérence de sa politique.
Premièrement, cet écart dans les réactions populaires met en lumière le besoin impérieux pour le CNSP de développer une stratégie de communication plus inclusive et transparente. La faible mobilisation peut être interprétée comme un symptôme de l’incertitude ou de la confusion quant aux orientations et aux objectifs du CNSP. L’absence d’une orientation politique claire et cohérente peut engendrer confusion et scepticisme parmi la population, rendant les appels à l’action moins efficaces et moins convaincants. Il est primordial que la junte articule clairement ses objectifs et les étapes prévues pour y parvenir, afin de rallier un soutien plus large à ses initiatives.
Deuxièmement, la situation à Dosso rappelle à la junte l’importance de ne pas se reposer uniquement sur des déclarations de souveraineté pour susciter l’adhésion populaire. Si la défense de la souveraineté nationale est cruciale, elle doit être étayée par des politiques qui répondent concrètement aux besoins quotidiens des citoyens. Le CNSP doit donc veiller à ce que ses actions en matière de gouvernance répondent à des préoccupations tangibles comme la sécurité, l’emploi, la santé et l’éducation, plutôt que de se limiter à des enjeux géopolitiques. Le soutien populaire est essentiel pour la stabilité et la pérennité de tout gouvernement, et il est impératif que la junte ne perçoive pas l’absence de contestation comme un acquiescement tacite.
Enfin, le cas de Dosso rappelle que le CNSP doit renforcer son engagement envers des pratiques de gouvernance inclusives et transparentes. Cela signifie d’impliquer activement toutes les couches de la société dont l’influence sur l’opinion publique est déterminante dans le processus de transition.
En somme, la réaction tiède de Dosso est un signal d’alarme pour le CNSP. Il doit la considérer non pas comme un échec isolé, mais comme un baromètre des tensions sous-jacentes qui, si elles sont ignorées, pourraient compromettre ses efforts de stabilisation et de réforme. Pour naviguer avec succès à travers les défis de la transition, la junte doit donc adopter une approche plus holistique, qui lie la rhétorique souverainiste à des actions pragmatiques et inclusives, favorisant ainsi une réelle consolidation de la paix et du développement au Niger.