Lors du Conseil des ministres du 7 avril 2022, le ministère de l’Elevage a annoncé, à travers une communication, la passation d’une commande de 90.000 tonnes d’aliments bétail. Selon la communication, l’opération s’est faite ‘’par entente directe avec mise en concurrence’’ pour un montant de neuf milliards quatre cent quarante-quatre millions deux cent cinquante mille huit cents (9. 444.250.800) francs CFA Hors Taxes sur la valeur ajoutée avec un délai de livraison de trente (30) jours. C’est la loi qui l’exige. Tout marché public atteignant la somme de 500 millions de francs doit forcément faire l’objet d’une communication en Conseil des ministres. La procédure a donc été légalement respectée jusqu’à ce niveau. Mais est-ce que le marché a été réellement exécuté et dans les règles de l’art ? C’est la question qu’on est en droit de se poser avec cette question écrite en date du 16 mai dernier adressée par le député Ibrahim Halifa Abdourahamane au ministre de l’Elevage qui s’articule autour des préoccupations suivantes :
– A quelle entreprise ce marché a-t-il été attribué et quelles sont les entreprises consultées dans le cadre de cet appel d’offres restreint ?
– A la date du 16 mai 2022, quelle est la quantité réceptionnée par vos services ?
– Quelle est la répartition du présent stock par région et par commune ?
– Vous voulez bien nous communiquer la preuve de la ventilation du stock déjà réceptionné par localité ?
Pour le député Abdourahamane, ces différents points méritent d’être éclairés au regard ‘’de l’urgence et de l’importance qu’accorde le gouvernement à cette commande très attendue par les éleveurs’’. Par conséquent, le ministre de l’Elevage doit y apporter des réponses conformément aux articles 112 et 113 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Cela entre dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale, une mission dévolue au Parlement, qui permet aux citoyens de savoir si l’Exécutif fait convenablement ou non son travail. Les interpellations adressées aux ministres sur des questions d’actualité écrites ou orales ont lieu d’habitude les samedis deux fois/mois ; l’on espère que le ministre Tidjani Idrissa Abdoulkadri sera au rendez-vous au moment opportun à l’hémicycle pour éclairer les Nigériens sur cette nouvelle affaire de commande d’aliments bétail alors qu’il a déjà comme boulet au pied l’affaire de commande de vaccins qui est encore fumante. C’est un souhait dans ce contexte politique où nos ministres ont tendance à banaliser les interpellations des députés. Ils viennent quand ils veulent alors qu’il s’agit d’une obligation constitutionnelle. Si le député Abdourahamane a cru devoir interpeller le ministre de l’Elevage avec des questions précises par rapport à cette commande d’aliments bétail, c’est probablement parce qu’il y a anguille sous roche. Le marché a-t-il été réellement exécuté et dans le délai imparti ? Par quelle entreprise ? Où les produits ont-ils été livrés ?
En attendant de trouver des réponses à ces questions, en vérité, le marché sus-indiqué n’a-t-il pas plutôt fait l’objet d’un partage éhonté entre alliés ? Les plus hauts responsables de l’Etat n’ont-ils pas chacun bénéficié d’un certain tonnage et ont ensuite établi leurs listes de bénéficiaires ? A titre d’exemple, la liste de la Primature ne comporterait-elle pas plusieurs dizaines de noms ? Le ministre de l’Elevage, quant à lui, ne s’est-il pas tiré avec quelques milliers de tonnes au profit de son parti etc, etc ? Nous demandons à savoir